Alors que les infections invasives à méningocoques (IIM) sont en forte hausse depuis 2022, après deux années (2020 et 2021) de faible incidence en raison des mesures de lutte contre le Covid, un collectif de médecins, chercheurs et patients appelle à une révision de la stratégie vaccinale « en urgence » avant le démarrage des Jeux olympiques.
Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, publiée le 19 février par L’Express, les signataires, mobilisés au sein du collectif « MéninGo ! », jugent qu’il s’agit d’une « priorité de santé publique », alors que l’augmentation des cas pourrait « s’amplifier dans les mois à venir lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, les grands rassemblements étant propices aux contaminations de manière générale et à la propagation des IMM en particulier. »
Une hausse des cas notamment liée aux sérogroupes W et Y
Dans un bilan annuel publié le 16 octobre, Santé publique France relevait une « évolution notable de l’épidémiologie » des IIM en 2022, avec 323 cas d’IIM (0,48/100 000 habitants) recensés, dont 36 décès (létalité estimée à 11 %), les méningocoques de sérogroupe B étant majoritaires (50,3 %), suivis par les sérogroupes Y (24,5 %) et W (20,4 %).
La tendance semble se poursuivre en 2023. En novembre, le Centre national de référence des méningocoques (Institut Pasteur) a enregistré 421 cas entre janvier et septembre 2023, « soit une augmentation de 36 % par rapport à 2019 », majoritairement liée aux sérogroupes W et Y, soulignent les signataires.
Cette situation épidémiologique a conduit la Direction générale de la santé (DGS) à saisir la Haute Autorité de santé (HAS) en avril 2023 pour évaluer la pertinence d’une actualisation des recommandations vaccinales.
Pour l’heure, la vaccination contre les IIM C est obligatoire pour tous les enfants nés à compter du 1er janvier 2018 (une dose à 5 mois, ainsi qu’une deuxième dose à 12 mois). Elle est également recommandée, selon un schéma à une dose unique, pour les enfants et jeunes adultes (de 1 à 24 ans) n’ayant pas reçu de primovaccination. Contre les IIM B, la vaccination avec Bexsero est recommandée chez l’ensemble des nourrissons (deux doses à M3 et M5, suivies d’un rappel à M12). La vaccination peut toutefois être initiée dès l'âge de 2 mois et avant l'âge de 2 ans.
Pour les personnes à risque élevé d’IIM (immunodépression) et leur entourage, la vaccination est aussi recommandée par un vaccin tétravalent conjugué ACWY et par un vaccin contre les IIM B. La même prophylaxie s’applique autour d’un cas IIM A, C, W, Y ou dans le cadre de situations impliquant plus d’un cas spécifique d’IIM B.
Un avis prévu pour mars 2024
Dans son avis attendu pour mars 2024, la HAS devrait se prononcer sur l’introduction d’un vaccin tétravalent contre les méningocoques ACWY chez les nourrissons, les adolescents et/ou les jeunes adultes et celle d’un élargissement du vaccin anti-méningocoque B aux adolescents et/ou aux jeunes adultes, explique-t-elle dans une note de cadrage, publiée en septembre 2023.
La vaccination contre les sérogroupes C et B « a démontré son efficacité avec la diminution de l’incidence et du nombre des méningites à méningocoques dans les tranches d’âge concernées par une recommandation dans tous les pays européens ayant élargi leur programme de vaccination (Belgique, Espagne, Grèce, Italie, Irlande, Islande, Pays-Bas, ainsi que Royaume-Uni et Suisse) », soulignent les signataires. Il y a donc urgence, jugent-ils, alors que « chaque cas est un cas de trop ! »
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