L’ÉPIDÉMIOLOGIE DU SARM communautaire (SARM Co) est explosive en Amérique du Nord depuis 2001, favorisée par la limitation de l’accès aux soins et par un clone « épidémiogène », USA 300.
La situation en Europe et en France révèle une épidémiologie bien différente.
En France, les cas d’infection à SARM Co, décrits à ce jour, sont plus souvent sporadiques que groupés (épidémie en milieu scolaire [2] ou en milieu sportif).
Les données les plus récentes (2008) (3) indiquent que la prévalence des SARM Co en France est encore faible : le clone ST 80 représenterait 1,25 % de l’ensemble des SARM et le clone Géraldine 2,6 %.
Le clone européen ST 80, porteur du gène codant la leucocidine de Panton Valentine (PVL +) est responsable dans la majorité des cas d’infections cutanées (abcès, furoncles). Plus rarement, il est associé à des infections d’autres organes notamment des pneumonies nécrosantes et des fasciites nécrosantes. Il touche plutôt des sujets jeunes (âge médian de 26 ans).
Le clone français « Géraldine » quant à lui, ne contient pas le gène codant la PVL, mais le gène TST codant la toxine qui est la cause du choc toxique staphylococcique. Il touche des sujets plus âgés (âge médian de 49 ans). « Il est responsable d’infections cutanées moins sévères, mais d’autres infections plus variées et sévères (pulmonaires, bactériémies, etc.) Heureusement, ces deux clones donnent essentiellement des infections peu graves », souligne le Pr Jean-Christophe Lucet.
La France (comme les autres pays) a émis fin 2009 des recommandations pour mieux maîtriser la propagation de SARM Co et pour la prise en charge thérapeutique et préventive.
Le prélèvement bactériologique à la recherche d’un SARM Co doit être systématique en cas d’infections cutanées récidivantes ou invasives ou lorsqu’on se trouve en présence de plusieurs cas familiaux ou dans une même communauté.
Il est recommandé de limiter l’antibiothérapie, il faut d’abord inciser et drainer l’abcès. Les antibiotiques ne seront donnés que dans les cas suivants : signes généraux ou locaux sévères, immunodépression, âges extrêmes, localisation critique, échec du drainage, dermohypodermite. Les antibiotiques de première intention sont la pristinamycine ou la clindamycine. Les fluoroquinolones ne sont pas recommandées.
Quant à la décontamination, elle est recommandée pour les porteurs de SARM Co après échec d’un premier traitement antibiotique et/ou chirurgical pour infection et en cas de rechute ou récidive. « Elle doit systématiquement associer la décontamination des membres du foyer : application nasale de pommade à la mupirocine et utilisation de chlorhexidine comme savon et en bain de bouche, ce qui n’est pas toujours facile à faire appliquer, tout comme les mesures d’hygiène », signale le Pr Jean-Christophe Lucet.
« Cependant, il faut souligner que lorsque les recommandations ont été émises, on s’attendait à une augmentation rapide du nombre de cas comme aux États-Unis, cela ne s’est pas produit en France, puisque le pourcentage de SARM est stable (3-4 %). Cela serait-il dû à la qualité de la prise en charge en France ? » s’interroge, pour conclure, le Pr Jean-Christophe Lucet.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Christophe Lucet, UHLIN, groupe hospitalier Bichat-Claude Bernard, Paris.
(1) Haut Conseil de la Santé Publique. Recommandations sur la prise en charge et la prévention des infections liées aux souches de SARM Co décembre 2009.
(2) Carré N et coll. Colonisation nasale et infections cutanées à Staphylococcus aureus porteur du gène codant la leucocidine de Panton-Valentine : dépistage lors d’une épidémie en milieu scolaire. Médecine et Maladies infectieuses (2008), doi ; 10.1016/j.medmal.2008.06.025.
(3) Robert J, Tristan A, Cavalié L et coll. Panton-Valentine Leukocidin-Positive and Toxic Shock Syndrome Toxin 1-Positive Methicillin -Resistant Staphylococcus aureus: a French Multicenter Prospective Study in 2008. Antimicrobial. Agents and Chemotherapy, 2011 Apr;55(4):1734-9. Epub 2011 Jan 10.
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