DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’UNE DES IDÉES CENTRALES qui guident les efforts pour prévenir l’infection à C. difficile est que les patients symptomatiques à l’hôpital sont la source majeure de transmission. Les efforts de prévention se concentrent donc sur les patients symptomatiques, jusqu’à l’arrêt de la diarrhée, et la désinfection de leur environnement. Toutefois, la difficulté à contrôler la bactérie C. difficile malgré ces mesures a amené à se poser des questions sur les modèles traditionnels de transmission.
Existe-t-il d’autres sources de transmission (porteurs asymptomatiques) ? D’autres voies de dissémination (dispersion aérienne des spores) ? D’autres réservoirs (patients dans la communauté, aliments, animaux) ?
Plus de 1200 séquençages.
Afin de mesurer le rôle des patients symptomatiques dans la transmission de l’infection, Eyre et coll. ont séquencé le génome des souches obtenues chez tous les patients atteints d’une diarrhée à C. difficile pendant une période de 3,5 ans dans la région de l’Oxfordshire en Angleterre. Sur 1 223 souches séquencées, 75 % provenaient de patients hospitalisés, 25 % de patients non hospitalisés. Les résultats sont les suivants. Contre toute attente, seulement 35% des souches C. difficile obtenues sont génétiquement liées à au moins un cas précédent, ce qui montre que dans la majorité des cas l’infection n’est pas transmise par un patient symptomatique. De plus, seulement 13 % des cas semblent être contractés par contact direct avec d’autres cas symptomatiques à l’hôpital. Un autre 3 % des cas est associé a des contacts possibles dans la communauté.
Dans 13 % des cas, des donneurs potentiels sont identifiés génomiquement, mais aucun contact (à l’hôpital ou dans la communauté) n’a pu être identifié. Ce qui suggère l’existence d’autres modes de transmission du C. difficile. 45 % des souches obtenues sont génétiquement distinctes des cas précédents, et génétiquement très diverses, ce qui suggère un vaste réservoir de la maladie.
Baisse des antibiotiques.
Enfin, durant les 3 années de l’étude, le taux d’infection à C. difficile a baissé dans l’Oxfordshire.« De façon surprenante, une même baisse de ces taux d’infection est survenue dans les cas secondaires (contractés à partir de cas symptomatiques à l’hôpital) et dans les cas primaires (cas non associés à la transmission par les cas symptomatiques) », explique au Quotidien le Dr Eyre (John Radcliffe Hospital, Oxford). « Ceci laisse penser que cette baisse d’infection est due à des facteurs qui préviennent la transition d’une simple exposition et d’un portage asymptomatique à la maladie déclarée. Un facteur majeur pourrait être la baisse de l’utilisation des antibiotiques (en particulier quinolones et céphalosporines) au Royaume-Uni durant les 3 années de l’étude, plutôt qu’une amélioration des mesures de contrôle ».
Implications.
Quelles sont les implications cliniques ? Pour le Dr Donskey (Cleveland), auteur d’un éditorial, « ces résultats ne changeront pas les recommandations soulignant l’importance des mesures de contrôle. La transmission moins fréquente à partir des patients symptomatiques dans les hôpitaux de l’étude pourrait en fait témoigner de l’efficacité des programmes de contrôle bien mis en oeuvre ». « La principale implication est que le contrôle du C. difficile nécessitera que l’on regarde au-delà des suspects habituels (les patients symptomatiques à l’hôpital) ».
NEJM 26 septembre 2013, Eyre et coll.
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