Un groupe de chercheurs français, conduit par Bertran Auvert (hôpital Ambroise-Paré) et ses collègues (Université Johns Hopkins et hôpital Bichat) montre dans un groupe d’hommes circoncis, une réduction de 57 à 61 % du taux des nouvelles infections par le VIH, comparativement à des hommes non circoncis.
Cette étude en « vie réelle », nommée Bophelo Pele, a été réalisée avec la participation de l’ANRS, dans une communauté d’un bidonville d’Orange Farm en Afrique du Sud où une circoncision a été proposée à des hommes dans le cadre d’un programme de prévention.
Un programme de prévention
Les résultats prouvent « qu’un programme de circoncision peut être efficacement et rapidement implanté dans des communautés africaines où cette pratique ne constitue pas une norme sociale », soulignent les auteurs. Elle confirme par ailleurs l’efficacité de la circoncision pratiquée à l’échelle d’une population, pour diminuer sensiblement la transmission du VIH parmi les hommes. Et que ce résultat peut être obtenu en seulement quelques années. « Ces résultats publiés dans « PLOS Medicine » incitent à accélérer la mise en œuvre de programmes de circoncision volontaire sur le continent africain afin d’améliorer la prévention de la transmission du VIH. »
L’étude a consisté à proposer une circoncision gratuite et médicalisée à tous les hommes volontaires âgés de 15 à 49 ans, vivant dans la population d’environ 110 000 adultes du bidonville d’Orange Farm en Afrique du Sud.
Questionnaire et dépistage
Plus de 20 000 circoncisions ont ainsi été réalisées, dans le cadre d’un programme d’information et de prévention.
Par ailleurs, un échantillon de 3 338 hommes a été recruté dans la population du bidonville. Ils ont été invités à répondre à un questionnaire et à réaliser un dépistage du VIH.
La proportion d’hommes circoncis est passée de 12 % au départ (en 2007) à 53 % à la fin de l’étude (2012). Elle atteint 58 % chez les 15-29 ans. L’usage du préservatif n’est pas significativement différent entre les deux groupes (circoncis ou non).
Les résultats montrent une diminution importante à la fois de l’incidence et de la prévalence des infections par le VIH chez les hommes circoncis.
Les hommes les plus jeunes
Les chercheurs ont calculé qu’en l’absence du programme de circoncision volontaire, la prévalence du VIH aurait été de 19 % plus élevée dans la population étudiée. L’effet est plus marqué chez les hommes les plus jeunes : la prévalence aurait été de 28 % plus élevée chez les 15-29 ans.
Parallèlement, il est observé une diminution de 57 % du nombre des contaminations récentes parmi les hommes circoncis. « La circoncision est ainsi associée à une réduction de 57 à 61 % du taux des nouvelles infections », indiquent Auvert et coll.
Le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, à la source de ce travail, estime que compte tenu de l’impact observé dans cette étude, « la généralisation de la circoncision doit plus que jamais être une priorité de santé publique en Afrique australe et de l’Est ».
L’étude se poursuit pour connaître l’impact de la circoncision sur la population générale et sur la population féminine.
PLOS Med 10(9) : e1001509.
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