Et si l’échographe portable prenait la place du bon vieux stéthoscope ? Ausculter les patients ayant une dyspnée avec un échographe portable et non un stéthoscope réduit les durées d’hospitalisation et les coûts associés, selon une étude randomisée publiée dans le JAMA Network Open.
Les dyspnées représentent environ 10 % des motifs d’hospitalisation, compte tenu des possibles causes cardiopulmonaires. Traditionnellement, la prise en charge repose sur les antécédents et un examen clinique visant à discriminer les dyspnées d’origine cardiaque. L’échographie au lit du patient (concrètement, une tête d’échographe capable de transmettre des images à un téléphone portable) a déjà démontré sa supériorité sur le stéthoscope et la radio thoracique pour l’évaluation cardiopulmonaire dans des essais randomisés contrôlés.
Dans les recommandations de 2025 de la Société française de médecine d’urgence et de la Société de réanimation de langue française, l’échographie est préconisée pour caractériser les causes des dyspnées aiguës (pneumopathies communautaires, décompensation cardiaque, pneumothorax), bien que son efficacité pour d’autres causes potentielles comme l’embolie pulmonaire soit considérée comme « médiocre ».
Cette nouvelle étude réalisée par des chercheurs de la faculté de médecine Robert Johnson du New Jersey s’intéresse donc à l’impact « en vie réelle » de l’adoption de cette pratique sur les dépenses hospitalières. Elle a aussi permis d’éprouver une organisation consistant à faire collaborer à distance des internistes manipulant l’échographe et des cardiologues.
Le protocole consistait à équiper et former une partie des internes d’un hôpital du New Jersey à l’échographie portative. Puis l’étude a comparé les durées d’hospitalisation entre prise en charge pour une dyspnée d’étiologie inconnue avec l’échographe portatif et celle plus classique avec stéthoscopes. Un total de 208 patients admis entre décembre 2023 et juillet 2024 a été recruté, dont 101 ont été pris en charge dans le groupe « échographe portable ».
Une baisse de 30 % de la durée d’hospitalisation
Comparé à la prise en charge standard, le recours à l’échographie portable était associé à une réduction globale de 246 journées d’hospitalisation (-30 %), soit 751 537 dollars d’économie (un peu moins de 640 000 euros), à raison de 3 055 dollars (2 600 euros) par journée d’hospitalisation. Au cours de l’étude, seulement 20 % des médecins du groupe équipé en échographe s’en sont effectivement servis régulièrement, malgré leur entraînement. Par ailleurs, dans une majorité des cas (60 %), la dyspnée était due à une insuffisance cardiaque. Dans ces cas-là, l’hospitalisation était quasi systématique, et coûteuse. Le fait que l’échographie au lit du patient soit tout de même capable de générer des économies dans ce contexte renforce les auteurs dans leur conviction qu’il s’agit d’une approche intéressante pour améliorer l’efficience de l’hôpital.
Cette étude « démontre l’utilité clinique et l’amélioration potentielle de l’efficacité hospitalière » associée à l’implémentation de l’échographie au chevet du patient, se réjouissent les chercheurs. « Toutefois, poursuivent-ils, l’adoption limitée par les médecins hospitaliers souligne le besoin de formation continue, de soutien et d’incitation professionnelle pour renforcer leurs compétences et leur motivation. » Des études multicentriques seront sans doute nécessaires pour évaluer des modèles de formation et les moyens de soutenir sur le long terme l’intégration de l’échographie au lit du patient dans les pratiques.
Enfin, les auteurs insistent sur le fait que leur étude n’était pas conçue pour comparer le bénéfice clinique à long terme sur la morbi-mortalité. Cela devra faire l’objet de nouveaux travaux.
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