LE QUOTIDIEN : Les derniers chiffres font état d'un ratio d'un enseignant universitaire pour 80 étudiants en médecine générale, en légère hausse par rapport à 2018. Satisfait ?
Pr VINCENT RENARD : Non, ce ratio reste mauvais. Il y a certes une amélioration mais nous demeurons en sous-effectif. Il faut saluer tout de même le chemin parcouru : en 2000, année de création du congrès, il n'y avait pas d'internat, pas de filière universitaire, pas de chefs de clinique ni d'assistants. Il n'y avait aucun mouvement pour inciter les jeunes à considérer que c'est une voie d'avenir. Cette année, tous les postes aux ECN ont été pris, la médecine générale est devenue plus attractive, grâce à la formation. Mais pour transformer l'essai, il faut plus de moyens pour la filière universitaire !
Lesquels ?
Il faut des mesures immédiates comme un plan pour recruter 250 assistants universitaires de médecine générale sur deux ans, ces jeunes médecins recrutés en post-internat et qui partagent un mi-temps dans une structure de soins et un mi-temps dans le département de médecine générale de l'université. Ce sont des postes importants pour favoriser l'installation et la formation.
Nous devons aussi augmenter le nombre de chefs de clinique en médecine générale. Il en existe seulement 200 en France. Un interne en médecine générale a une chance sur 50 d'obtenir un poste contre une chance sur trois ou quatre dans les autres disciplines !
Enfin la nomination d'enseignants associés [professeurs et maîtres de conférences] est à revoir. Il y a 88 professeurs et 129 maîtres de conférences. Chaque année, nous négocions pour arracher un ou deux postes supplémentaires alors qu'il faudrait quelques dizaines de postes supplémentaires par an pour être à la hauteur des enjeux pour les 15 000 internes en formation.
Et concernant les maîtres de stage des universités (MSU) ?
Au 1er janvier 2019, nous étions à plus de 10 500 MSU totaux. On est sur la bonne voie pour atteindre l'objectif des 12 000 dans deux ans. Le mode de recrutement et la formation sont efficaces.
Une étude du « BMJ » montre que les généralistes recevant des avantages de l'industrie de santé ont des prescriptions moins pertinentes. Êtes-vous d'accord avec ces conclusions ?
Le CNGE est d'accord avec ces conclusions signées par une équipe de généralistes universitaires du DMG de Rennes. Les résultats montrent l'influence de l'industrie sur les prescriptions. Notre congrès est complètement indépendant, on fait en sorte que la formation des internes soit exempte de l'influence des laboratoires. Les jeunes, lors des stages ambulatoires y sont confrontés et cela fait l'objet de discussions dans le groupe d'échange de pratiques. L'indépendance doit être déclinée en permanence dans l'enseignement et les lieux de stages.
Agnès Buzyn a acté le déremboursement des médicaments homéopathiques. Faut-il stopper les enseignements de l'homéopathie et des médecines alternatives à la faculté ?
Bien sûr que ces enseignements n'ont plus leur place ! Il y a encore des enseignements dans quelques facs mais il faut être raisonnable... Quant aux stages, pour être MSU aujourd'hui, l'un des critères est de s'appuyer sur les données de la science.
La quatrième année du diplôme d'études spécialisées de médecine générale, c'est pour quand ?
Nous négocions ses contours avec l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) afin de présenter un nouveau modèle aux ministères à la fin du premier trimestre 2020. Il faut repenser l'architecture du DES de manière à ce que les internes se sentent prêts à exercer et s'installer. C'est le seul DES à trois ans et les jeunes n'ont que deux stages obligatoires en ambulatoire, c'est un peu court pour se professionnaliser. Sur le SASPAS de six mois [stage autonome en soins primaires ambulatoire supervisé], ils ne sont pas assez exposés à tous les patients polypathologiques ou chroniques.
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