DE NOTRE CORRESPONDANTE
DANS LA SCLÉROSE EN PLAQUES (SEP), les cellules immunes (lymphocytes) s’attaquent a des antigènes du système nerveux central, notamment des antigènes de la myéline, la substance protectrice qui entoure les fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière. La destruction de la myéline ralentit la conduction nerveuse, entraînant des symptômes qui peuvent aller jusqu’à la paralysie ou la cécité. Les traitements de fond reposent sur des immunosuppresseurs ou immunomodulateurs, qui sont associés à des effets secondaires.
Une nouvelle approche thérapeutique visant à restaurer une tolérance immune à la myéline vient d’être évaluée dans un essai de phase 1. « Notre approche préserve la fonction normale du système immunitaire. Le traitement freine la réponse auto-immune déjà activée et prévient l’activation de nouvelles cellules auto-immunes », explique Pr Stephen Miller de microbiologie-immunologie (Chicago).
7 peptides antigéniques.
Dans cet essai mené en Allemagne, les chercheurs ont utilisé les globules blancs des patients (prélevés par leucaphérèse) pour délivrer par voie intraveineuse des milliards d’antigènes de la myéline de façon à ce que le système immunitaire les reconnaisse et développe une tolérance. Ils ont choisi 7 peptides antigéniques appartenant à 3 protéines de la myéline (MOG, MBP, PLP), qui ont été fixées par la molécule EDC aux globules blancs.
Neuf patients atteints de SEP (récurrente-rémittente ou secondaire progressive), et présentant une réactivité immune contre au moins un des 7 peptides de la myéline utilisés dans l’étude, ont reçu une injection IV de globules blancs autologues couplés aux antigènes de la myéline.
L’étude démontre la sécurité et la bonne tolérance du traitement, le traitement n’a pas entraîné de réactivation chez les 6 patients présentant une maladie peu active ; 2 des 3 patients présentant une maladie active ont eu une aggravation dans les 2 semaines du traitement, mais similaire à des poussées antérieures et améliorée par corticoïdes et aucune rechute n’est survenue chez ces patients durant les 6 mois de suivi.
De façon encourageante, les patients recevant la plus forte dose de cellules couplées aux antigènes (plus d’1 milliard) ont montré une baisse (de 50 à 75 %) de la réactivité des cellules T à la myéline.
Avec des nanoparticules.
Toutefois, seules les études de phase 2 et 3 pourront déterminer si ce traitement peut ralentir ou arrêter la progression de la SEP. Les chercheurs essayent maintenant d’obtenir les fonds pour débuter un essai de phase 2 en Suisse. « Dans l’essai de phase 2, nous voulons traiter les patients au plus tôt de la maladie avant la survenue d’une paralysie liée à la destruction de la myéline. Une fois la myéline détruite, il est difficile de la réparer », souligne Miller.
Selon une étude expérimentale, des nanoparticules pourraient être aussi efficaces que les globules blancs pour délivrer les antigènes de la myéline, avec l’avantage d’un moindre coût et d’un traitement qui n’a pas besoin d’être individualisé puisque les cellules sont justes là pour porter les antigènes.
Si cette approche d’induction de la tolérance (ou tolérisation) s’avérait efficace, elle pourrait être utilisée pour le traitement d’autres maladies auto-immunes, comme le diabète de type 1, et certaines allergies.
Science Translational Medicine, 5 juin 2013, Lutterotti et coll.
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