L’ACIDE FOLIQUE est une vitamine déjà utilisée chez la femme enceinte dans la prévention des défauts de fermeture du tube neural.
Son action protectrice sur la durée de la grossesse a été évaluée dans plusieurs études avec des résultats discordants. Une explication possible à ces divergences est que l’acide folique pour être efficace, doit être administré bien avant la conception. C’est ce qu’a décidé d’analyser l’équipe du Dr Radek Bukowski de l’Université du Texas en reprenant les données recueillies auprès de 35 000 femmes. Leurs résultats publiés dans « PloS Medicine », montrent chez les femmes supplémentées en acide folique une diminution de 70 % des accouchements spontanés entre 20 et 28 semaines d’aménorrhée (SA) et de 50 % entre 28 et 32 SA. Au-delà de 32 SA, il n’influence pas le terme d’accouchement. Il faut cependant que ce traitement soit débuté au moins un an avant la conception. Plus tardif, il semble inefficace. L’acide folique agirait sur les mécanismes anti-inflammatoires ce qui pourrait expliquer son action avant 32 SA, l’infection survenant le plus souvent à un âge gestationnel précoce.
Détresse respiratoire, infections, complications neurologiques.
Cette piste thérapeutique est prometteuse quand on considère la gravité des complications liées à la prématurité. Pour les enfants nés avant 28 SA, le pronostic vital est souvent mis en jeu par la détresse respiratoire et les infections. Les complications neurologiques sont redoutables. On estime que la moitié d’entre eux auront des difficultés d’apprentissage et des troubles du comportement et qu’un quart aura une invalidité durable dont des infirmités motrices cérébrales. Par ailleurs, les enfants dont le poids de naissance était inférieur à 2 500 g, ont plus de risque de développer à l’âge adulte, un diabète ou une maladie cardio-vasculaire.
La perspective d’un traitement préventif par acide folique est séduisante mais cette étude a ses limites, comme le souligne le Dr Nicholas Frisk de l’Université de Brisbane en Australie, auteur d’un commentaire associé dans « PLoS Medicine ». Certes, il s’agit d’une étude prospective sur une vaste cohorte, avec évaluation échographique du terme et exclusion des prématurités provoquées (pour cause maternelle par exemple). Mais Il s’agit d’une seconde analyse de données initialement destinées à une autre étude (trisomie 21) et des informations manquent comme la dose quotidienne d’acide folique et la compliance au traitement. Par ailleurs, les femmes qui ont pris une supplémentation en acide folique pourraient être celles qui font le plus attention à leur santé. Ce facteur comportemental pourrait à lui seul expliquer les résultats.
Il faudrait un essai thérapeutique randomisé pour prouver le bénéfice de l’acide folique dans cette indication. S’il était réellement efficace, il resterait la difficulté à mettre en place un traitement préventif un an avant une grossesse quand on connaît la mauvaise compliance à la prophylaxie du défaut de fermeture du tube neural qui doit se prendre trois mois avant.
Radek Bukowski et coll. Preconceptional folic acid supplements are associated with reduced risk of premature birth, Public Library of Science, may 2009.
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