À l’occasion de la Semaine du Son de l’Unesco qui se tient en France et à l'étranger à partir du 16 janvier, les résultats de la première étude expérimentale sur la musique compressée ont été présentés. Verdict : une exposition prolongée est potentiellement dangereuse pour la sensibilité auditive.
« Les médias et les musiques doivent être entendus de tous et partout dans le brouhaha urbain, en voiture…, explique Christian Hugonnet, ingénieur acousticien et président fondateur de la Semaine du Son. Pour répondre à cette attente, l’une des manipulations les plus répandues dans les radios, télévisions, plateformes numériques, portables, etc., est la compression de la dynamique sonore. »
Le procédé consiste à « tasser » électroniquement tous les niveaux faibles en direction des niveaux forts (compression vers le haut) afin que le son désormais compressé soit toujours entendu au-dessus du niveau ambiant.
Une oreille qui s’épuise, faute de respiration
La compression de la dynamique habitue l’auditeur à un son sans nuance, donc souvent perçu très fort, privant aussi l’oreille de toute « gymnastique ». De plus, le son compressé ne ménage aucune plage de silence, ce qui peut créer stress et fatigue, car il ne laisse à l’auditeur aucune « respiration auditive ». Il s’ensuit une véritable « asphyxie » de l’oreille la privant de sa capacité de compréhension.
L’étude expérimentale de Paul Avan, responsable du centre de recherche et d’innovation en audiologie humaine à l'Institut de l’audition de Paris, montre bien les dangers pour l’audition de la compression appliquée de manière indiscriminée. Durant quatre heures, des cochons d’Inde ont été exposés à de la musique originale ou surcompressée, au niveau maximum légal de 102 dBA.
L’audition des animaux a été évaluée juste avant l'écoute, juste après, puis à 24 heures, 48 heures et jusqu’à une semaine plus tard. Les animaux exposés à la musique compressée présentaient une fatigue plus importante des voies réflexes protectrices de l’oreille par rapport à ceux exposés à la musique originale. De plus, leur temps de récupération du réflexe était de plus de 48 heures. « Ainsi, l’exposition répétée à la musique compressée (...) rend l’oreille plus vulnérable », a souligné Paul Avan.
Guider la création de labels d'enregistrement
Une question se pose aujourd’hui. « Depuis la crise sanitaire, nous passons des journées entières de travail en visioconférences pendant lesquelles la dynamique du son est compressée. Quel sera l’impact sur l’audition à plus long terme… ? », interroge le chercheur. Ces résultats pourraient en tout cas guider la création de labels d’enregistrement et de diffusion des sons compressés.
Différents évènements (concerts, conférences…) vont se succéder (www.lasemaineduson.org) au cours de la Semaine du Son de l’Unesco, destinée à sensibiliser le grand public.
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