RÉVOLUTIONNAIRE il y a 25 ans, la vidéofibroscopie, dont le Dr Jean Abitbol a été un des pionniers, a permis de visualiser la voix parlée et chantée. Grâce à cette méthode, il a été possible de visualiser la pathologie des cordes vocales à l’effort. Désormais, cette « stroboscopie » des cordes vocales (trucage de vidéo ralentie) semble être dépassée par une nouvelle technique, dont le Dr Jean Abitbol est l’un des pionniers en Europe : la laryngoscopie à haute vitesse digitalisée ou LHVD (ultra speed laryngoscopy).
«Pour la première fois, en pathologie clinique, il est possible de réaliser une exploration dynamique de la voix, à grande vitesse, et ce chez chaque patient, précise-t-il. Cette technique que j’utilise de manière courante depuis maintenant un mois, permet d’associer l’expérience et l’intuition de l’ORL à la science, car ce que nous savions intuitivement peut désormais être mis en évidence . Avec la laryngoscopie à haute vitesse nous allons disposer d’un support pour étayer nos intuitions et la biomécanique laryngée. On n’invente rien, on redécouvre. »
La biomécanique laryngée.
La laryngoscopie à haute vitesse permet non seulement de visualiser parfaitement les vibrations des cordes vocales, mais également l’effet des vibrations des fausses cordes vocales, l’ensemble du larynx et du pharynx. Il est ainsi possible d’apprécier « l’attaque vocale, c'est-à-dire : le début de la phonation, avec une précision exceptionnelle » et d’apprécier si celle-ci est ou n’est pas traumatisante. En cas de pathologie (polype, kyste..) il est possible de comprendre comment se passe l’impact. Différencier nodules mous et nodules durs, de façon formelle, est désormais facile, grâce à la compréhension de la biomécanique laryngée. Ainsi, grâce à la précision anatomique transmise par cette nouvelle méthode, l’attitude thérapeutique peut être adaptée de manière exacte, certains gestes chirurgicaux évités ou retardés, l’ortophonie réalisée à bon escient en pré- et post-opératoire ou en remplacement d’un geste chirurgical parfois inutile.
En matière de pathologie cancéreuse « il est également possible de "piéger la lésion" quelle que soit l’anarchie vibratoire des cordes vocales, ce qui n’était pas possible avec la stroboscopie. Le diagnostic de cancer et de lésion suspecte peut donc être posé à un stade plus précoce. »
La laryngoscopie à haute vitesse va permettre de mieux comprendre le pourquoi de la dysphonie et ainsi de mieux traiter certaines pathologies, comme les troubles de la mue, les syndromes prémenstruels des cordes vocales, la paralysie des cordes vocales, les caractéristiques vocales de certains chanteurs.
Les chanteurs
La laryngoscopie à haute vitesse a permis de constater que certains chanteurs de jazz sont porteurs de kystes des cordes vocales (« signature vocale « ) et qu’ils sont « en harmonie vibratoire avec leurs cordes vocales » . Il n’est donc pas question de les opérer. Ces chanteurs seront simplement rééduqués et suivis.
Ainsi, pour le Dr Jean Abitbol « l’apport de la vidéoscopie à haute vitesse est indéniable dans l’étude des cordes vocales, et ce quelle que soit la pathologie. Les précisions anatomiques apportées par cette méthode vont permettre d’apporter à chaque patient la meilleure attitude thérapeutique possible. Cette méthode particulièrement prometteuse et riche en enseignement devrait se généraliser d’ici 2 à 3 ans ».
› Dr BRIGITTE VALLOIS
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