Quel est précisément le profil des enfants à immuniser en priorité contre la bronchiolite ? Les différentes sociétés et groupes de pédiatrie* précisent dans un communiqué commun leurs recommandations sur le profil de ces enfants à vacciner dès aujourd'hui avec le nirsévimab (Beyfortus) tout en insistant sur l’application indispensable des mesures de prévention d’hygiène. Pour rappel, en raison d'une forte demande, à peine 15 jours après l’arrivée du nirsevimab, « excellente nouvelle » aux yeux des sociétés savantes, les livraisons et prescription du dosage 100 mg en ville ont été suspendues, et le dosage 50 mg est réservé aux maternités.
« Nous recommandons d’immuniser pour l’instant : 1) Les nouveau-nés avant la sortie de maternité ou tout nourrisson sortant de néonatologie ou de soins intensifs pédiatriques durant la période épidémique, quel que soit leur âge. 2) Les nourrissons vulnérables avec comorbidités et vivant leur première saison épidémique (intégrant les enfants éligibles au palivizumab) », lit-on.
Et de préciser : la vulnérabilité est définie selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) de 2019 par la présence d'une pathologie néonatale exposant au risque de forme grave de bronchiolite à VRS, notamment des malformations congénitales abdomino-thoraciques, des maladies pulmonaires chroniques à révélation néonatale, une maladie neuromusculaire avec retentissement respiratoire, un déficit immunitaire…
Pour les plus vulnérables, le palivizumab en cas d'indisponibilité du nirsévimab
Les sociétés savantes invitent à porter une attention particulière aux enfants éligibles au palivizumab en première saison, pour ne pas retarder leur immunisation : prémas < 28 SA, prémas 28- 33 SA avec dysplasie bronchopulmonaire (DBP), cardiopathies congénitales hémodynamiquement significatives, hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), insuffisance cardiaque..
« Le palivizumab reste indiqué si le nirsevimab n’est pas disponible (balance bénéfice/risque à évaluer) », lit-on. « Selon l'avis de la HAS sur le nirsévimab, il n'y a pas de différence d'efficacité montrée entre palivizumab et nirsévimab. Pour autant, l'utilisation du palivizumab est extrêmement contraignante et pénible compte tenu de la demi-vie du produit qui impose 5 à 6 injections par hiver. La communauté pédiatrique souhaite faire bénéficier dès cet hiver les enfants prématurés du nirsévimab », a expliqué la Pr Christèle Gras-Le Guen, pédiatre au CHU de Nantes et ancienne présidente de la Société française de pédiatrie, aux lecteurs du Quotidien le 28 septembre dernier.
Aucune imprévoyance, selon Rousseau
Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a vivement réfuté le 3 octobre dans l'hémicycle toute imprévoyance sur le traitement préventif contre la bronchiolite des nourrissons. « En mars dernier, un laboratoire est venu voir mon prédécesseur, François Braun, pour lui proposer un traitement qui n'avait fait l'objet d'aucune autorisation, et François Braun a eu le courage, a pris le risque de commander des doses », a-t-il dit à la députée Martine Étienne (LFI, Nupes), qui reprochait au gouvernement de n'avoir « rien anticipé ».
« Les sociétés savantes avaient dit : Ce sera un nouveau produit, donc sans doute 10 % d'adhésion », a ajouté Aurélien Rousseau. Son ministère a commandé pour 30 % de taux d'adhésion, soit 200 000 doses, a-t-il dit.
« Je trouve que c'est une formidable nouvelle que dans les maternités on ait un taux d'adhésion jamais vu, entre 60 et 80 %. (...) Plutôt que de nous faire la complainte du drame, nous, nous travaillons au progrès. La Première ministre (Elisabeth Borne), le président de la République (Emmanuel Macron) et moi-même, nous nous battons tous les jours pour obtenir plus de doses et pour que la France soit, comme elle le sera j'en suis sûr, le pays qui aura la plus grande couverture au Beyfortus dans le monde », a conclu Aurélien Rousseau.
* Le Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP), La Société Française de Pédiatrie (SFP), Les Assises de la Pédiatrie et de la Santé de l’Enfant, Le réseau des maternités de la Fédération Française des Réseaux de Santé en Périnatalité (FFRSP), Le Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP), Le Groupe Francophone de Réanimation et d’Urgences Pédiatriques (GFRUP), La Société Française de Néonatologie (SFN), L’Association Française de Pédiatrie ambulatoire (AFPA), La Société Pédiatrique de Pneumologie et d’Allergologie (SP2A)
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