Le chlordécone est un pesticide qui a été utilisé pendant plus de vingt ans aux Antilles françaises pour lutter contre le charançon du bananier. Sa large utilisation et son caractère persistant dans l’environnement ont entraîné une pollution permanente des sols et une contamination de la population. Le chlordécone est considéré comme un perturbateur endocrinien, neurotoxique et classé cancérogène pour l’homme par l’OMS.
Pour évaluer l’impact sur la santé d’une exposition au chlordécone, une équipe dirigée par Sylvaine Cordier (Rennes) et Luc Multigner (Pointe-à-Pitre), a mis en place en Guadeloupe une grande cohorte mère-enfant baptisée TIMOUN (en créole, Timoun signifie enfant). L’objectif de ce travail était d’évaluer l’impact sanitaire de l’exposition au chlordécone sur le déroulement de la grossesse et sur le développement pré- et postnatal. Cette cohorte est constituée de 1 042 femmes suivies avec leur enfant depuis leur grossesse qui a eu lieu au cours de la période 2005-2007.
Dans la présente étude, 153 nourrissons ont fait l’objet d’un suivi à 7 mois. Ces bébés avaient été soumis à une exposition au chlordécone soit en période prénatale (estimée par le dosage dans le sang du cordon), soit postnatale (en distinguant d’un côté l’allaitement maternel et de l’autre la consommation par les nourrissons de denrées alimentaires susceptibles d’être contaminées).
En ce qui concerne l’exposition prénatale, le chlordécone a été trouvé associé de façon significative à une réduction du score de préférence visuelle pour la nouveauté ainsi qu’à un faible score sur l’échelle de développement de la motricité fine.
En ce qui concerne l’exposition postnatale :
– par l’allaitement : aucune modification du développement psychomoteur n’a été trouvée ;
– par exposition à des denrées alimentaires contaminées : il a été noté une association à la limite de la signification statistique à une réduction de la vitesse d’acquisition de la mémoire visuelle et à une réduction de la préférence visuelle pour la nouveauté.
« En conclusion, l’exposition prénatale au chlordécone ou postnatale via la consommation alimentaire est associée à l’âge de 7 mois à des effets négatifs sur le développement cognitif et moteur des nourrissons », indique un communiqué.
Les résultats ne sont pas confirmés pour les enfants plus âgés pour lesquels l’étude se poursuit : les enfants de la cohorte TIMOUN font actuellement l’objet d’un suivi à l’âge de 7 ans.
Rappelons que chez des adultes exposés du fait de leur profession au chlordécone, il a été rapporté un appauvrissement de la mémoire à court terme et des tremblements d’intention.
Etude publiée dans Environnemental Research (Renée Dallaire et coll.)
* En association avec des chercheurs québécois, belges et américains.
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