DANS LES FACTURES du rachis thoracolombaire, l’examen clinique est souvent à tort rassurant. Or l’atteinte des structures cartilagineuses, qui constituent des zones de faiblesse, passe volontiers inaperçue sur les radiographies standards. Ajoutons à cela des spécificités anatomiques et physiologiques. Ce qui fait que les fractures rachidiennes de l’enfant diffèrent de celles de l’adulte. L’un dans l’autre, le diagnostic des fractures du rachis thoracolombaire de l’enfant est souvent retardé et leur fréquence sous-estimée. À ce sujet, un travail autopsique chez des enfants ayant eu un traumatisme du rachis thoracolombaire a permis de retrouver une fracture rachidienne chez douze enfants alors que le diagnostic radiologique n’avait été porté que chez l’un d’entre eux.
Étude prospective monocentrique.
« Notre expérience nous a fait remarquer qu’un grand nombre des enfants pris en charge pour des fractures du rachis thoracolombaire avait ressenti une sensation de "souffle coupé " au moment du traumatisme, contrairement aux enfants dont le traumatisme n’avait pas provoqué de fracture », écrivent J. Leroux et coll. (Rouen et Grenoble). Constatation qui a conduit les auteurs à étudier les corrélations entre la sensation de souffle coupé au moment du traumatisme et la présence de fractures du rachis thoracolombaire chez l’enfant.
C’est ainsi qu’a été mise en place une étude prospective monocentrique dans laquelle ont été inclus tous les enfants admis aux urgences d’un CHU français (Nice) pour traumatisme thoracolombaire, à l’exclusion des polytraumatisés, entre janvier 2008 et mars 2009.
Dans le cadre de l’examen aux urgences, entre autres : on évaluait la douleur ; on recherchait une sensation de souffle coupé au moment de l’accident (on demandait à l’enfant s’il avait eu la sensation d’avoir la respiration bloquée quelques secondes), le rachis était inspecté et palpé à la recherche de points douloureux. Après quoi, on faisait des radiographies standards à la recherche de signes directs ou indirects de fracture. Une IRM était pratiquée puis 2 groupes étaient définis selon qu’elle était normale (groupe N) ou pathologique (groupe P).
Chute à plat dos.
Au total, 50 enfants (âge moyen de 11,4 ans) ont été vus après un accident survenu dans 94 % des cas lors de jeux ou d’activités sportives. Le mécanisme était une chute à plat dos dans 72 % des cas. L’IRM a montré des fractures chez 23 enfants (46 %), sur 4 vertèbres en moyenne (de 1 à 10) ; parmi ces 23 enfants, 21 avaient eu le souffle coupé. Dans 5 cas, les fractures n’ont pas été vues sur les radiographies standards. Parmi les 27 enfants sans fracture, 19 (70 %) n’avaient pas eu le souffle coupé.
« La sensation de souffle coupé, concluent les auteurs, lors du traumatisme améliore le dépistage précoce des fractures du rachis thoracolombaire chez l’enfant (sensibilité [se] = 87 %, spécificité [Sp] = 67 %, valeur prédictive positive [VPP] = 69 %, valeur prédictive négative [VPN] = 86 %), estiment les auteurs. Quand les radiographies sont normales, l’absence de souffle coupé élimine avec certitude l’existence d’une fracture (Se 26 %, Sp 100 %, VPP 100 %, VPN = 53 %). »
J. Leroux, P.-H. Vivier, M. Ould Slimane, E. Foulongne, S. Abu-Amara, J. Lechevallier et J. Griffet. Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique, février 2013, pp. 43-49.
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