La décision avait été rendue il y a plus d'un an. C'est la proposition de la Commission européenne de prolonger de 10 ans l'autorisation du glyphosate au sein de l'UE qui a décidé la famille à s'exprimer devant les caméras de France Télévisions. Les Grataloup espèrent peser sur le vote des États membres prévu le 13 octobre.
Pour la première fois en France, des experts du Fonds d'indemnisation des enfants victimes d'une exposition prénatale aux pesticides (FIVP) ont reconnu, en mars 2022, la possibilité d'un lien de causalité entre l'exposition prénatale au glyphosate et la survenue de malformations congénitales.
Exposition prénatale précoce
C'est ce qu'a annoncé le 9 octobre à l'écran, Sabine Grataloup, la mère de Théo né en 2007 avec une atrésie de l'œsophage dans un contexte de syndrome polymalformatif. Jusqu'à présent, la famille avait tenu à garder la décision confidentielle, marquée par les messages virulents reçus quelques années plus tôt après une exposition médiatique, rapporte France Info.
Le jeune homme âgé aujourd'hui de 16 ans vit avec une trachéotomie depuis l'âge de 3 mois. Il a subi plus d'une cinquantaine d'interventions chirurgicales de reconstruction digestive et respiratoire. La famille Grataloup avait alerté les autorités dès 2009 sur la possible responsabilité d'un produit générique du Roundup, le Glyper. En 2006, la jeune femme, enceinte alors de quelques semaines, avait répandu du désherbant à base de glyphosate sur les 700 m2 d'une carrière d'équitation dans le cadre de son activité professionnelle.
Analyse de la littérature scientifique
Le FIVP a été créé par la loi de 2020 sur le financement de la sécurité sociale, rappelle un article du Monde ; les demandes sont statuées par la commission rattachée au FIVP. Pour le cas de Théo, la commission était composée de cinq chercheurs et/ou médecins d'université ou d'organismes de recherche publics, lit-on dans le Monde.
La Pr Béatrice Fervers, membre de la commission et cheffe du département Prévention Cancer Environnement du centre Léon-Bérard à Lyon, explique que « juger de la présomption du lien entre l'exposition prénatale à des pesticides et des malformations n'a pas toujours été facile. En l'absence d'un tableau de maladie professionnelle, ou d'une classification de tératogénicité, nous avons dû revenir à l'examen de la littérature scientifique ». La spécialiste cite notamment l'expertise collective Inserm de juin 2021.
Le versement de l'indemnisation est assuré depuis mars 2022 par le FIVP via la Mutualité sociale agricole à hauteur de 1 000 euros par mois. L'indemnité sera revue en mars 2025 au regard de l'évolution.
En mai 2019, la famille a, en parallèle, assigné en justice Monsanto puis son racheteur Bayer ; la procédure se poursuit, les industriels niant la possibilité du potentiel tératogène du glyphosate. Quant au potentiel cancérogène de ce pesticide, il a été jugé « probable » en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé.
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