L’asthme est la maladie chronique pédiatrique la plus répandue : un tiers des enfants connaissent au moins un épisode de respiration sifflante avant l’age de six ans en Europe. C’est aussi chez les enfants qu’elle est la plus sévère, puisque près de la moitié des asthmatiques de moins de cinq ans rapportent avoir connu une crise d’asthme lors de l’année écoulée, une proportion plus importante que dans n’importe quelle autre classe d’âge.
Dans l’édito qui ouvre la série, « The Lancet » souligne que même dans les pays développés, l’asthme infantile est insuffisamment pris en charge. Francine Ducharme et col. (CHU Sainte Justine au Canada), beaucoup d’enfants souffrant d’asthme chronique et récurrent ne reçoivent pas d’anti-inflammatoires. Cela s’explique autant par la mauvaise observance des parents que par les réserves des médecins à l’idée de prescrire un traitement chronique à des enfants. De nombreuses études montrent pourtant que les corticoïdes inhalés en prise quotidienne à faible dose préviennent les exacerbations d’asthme du jeune enfant. Ils figurent d’ailleurs dans les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) sur la prise en charge de l’asthme de l’enfant de moins de 36 mois en dehors des épisodes aigus. Les réticences s’expliquent également par l’existence d’effets indésirables, rares mais significatifs, sur la croissance. Les auteurs recommandent d’ailleurs un choix rigoureux de la molécule administrée, et un suivi régulier de la croissance.
Un diagnostic difficile
Les difficultés de la prise en charge apparaissent dès le diagnostic : une respiration sifflante peut être associée à d’autres pathologies comme les bronchiolites qui touchent 90 % des enfants avant l’âge de deux ans. Une réduction des symptômes grâce aux bronchodilatateurs peut cependant mettre sur la piste d’un asthme. Même si la bronchiolite est confirmée, par une bonne réponse au sérum salé hypertonique par exemple, le risque d’asthme n’est pas écarté pour autant. Une bronchiolite peut en effet être la première étape d’une série de maladies respiratoires qui déboucheront sur un asthme. Une autre difficulté pointée par les auteurs est l’idée reçue que l’existence d’un asthme est impossible avant six ans.
La pollution atmosphérique, un important facteur de risque
Parmi les facteurs de risque d’asthme infantiles, le tabagisme maternel est associé avec un l’apparition de respiration sifflante précoce et transitoire, se manifestant à l’âge de trois ans avant de disparaître. En revanche, l’existence d’un asthme maternel est associée à une respiration sifflante d’apparition plus tardive, à l’age de six ans. Ainsi l’existence d’un asthme maternel augmente de 27 % le risque d’asthme avant 12 ans, ce qui renforce l’idée d’une composante génétique de l’asthme. Une fonction pulmonaire diminuée à l’âge d’un mois et l’hyper réactivité bronchique sont prédictifs d’un asthme persistant à 11 ans.
Parmi les facteurs environnementaux de la période postnatale, les auteurs citent la prise rapide de poids et la pollution atmosphérique.
Selon les données de la littérature rassemblée par Michael Guarnieri et John Balmes (Université de San Francisco), l’exposition à l’ozone, au dioxyde d’azote, au dioxyde de soufre ou aux particules fines de moins de 2,5 µm augmente le risque d’exacerbation d’un asthme. Ils estiment même qu’une exposition in utero pourrait aussi augmenter la survenue d’un asthme. L’explication réside dans le stress oxydant provoqué par l’exposition au polluants. La succession de réponses inflammatoires nécessaires pour répondre à ce stress serait la cause de l’apparition de l’asthme.
Les mesures anti-tabac efficaces
Des mesures de santé publique sur ces facteurs environnementaux peuvent se révéler efficaces. C’est ce que montrent Jasper Been et col. dans une méta analyse publiée dans le même numéro. Les auteurs ont sélectionné 11 études décrivant des situations locales avant et après l’interdiction du tabac, rassemblant 2,5 millions de naissances et 247 168 exacerbations d’asthme. L’interdiction du tabac dans un lieu public ou sur le lieu de travail était liée à une diminution de plus de 10 % des exacerbations d’asthme.
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