Le bisphénol A altère l’émail

Publié le 10/06/2013
1370880715439972_IMG_106841_HR.jpg

1370880715439972_IMG_106841_HR.jpg
Crédit photo : PHANIE

Les dents pourraient être utilisées comme un marqueur précoce de l’exposition aux perturbateurs endocriniens et aideraient « à dépister des pathologies lourdes apparaissant plusieurs années après », souligne Sylvie Babajko, directrice de recherche à l’Inserm (unité 872) et co-auteur d’une étude sur l’altération de l’émail dentaire par le bisphénol A (BPA).

Après avoir été récemment pointé du doigt pour ses effets néfastes sur la reproduction, le développement et le métabolisme, ce composé chimique, retrouvé dans certains plastiques et résines, semble rendre les dents plus fragiles et plus sensibles aux caries lors d’une exposition très précoce dans la vie.

18% des enfants atteints de MIH

Les atteintes observées chez des rats sont très proches d’une maladie décrite avec une pathologie de l’émail appelée MIH (Molar Incisor Hypomineralization), qui affecte les premières molaires et incisives permanentes. Cette pathologie de l’émail est retrouvée chez environ 18% des enfants de 6 à 8 ans.

Les enfants atteints présentent des dents hypersensibles à la douleur et susceptibles aux caries. Les auteurs soulignent que la période de formation de ces dents (premières années de la vie) corrrespond à celle où l’individu est le plus susceptible au BPA.

Expostion précoce à dose faible

Des observations précédentes avaient rapporté des «taches blanches» sur les incisives de rats traités avec des perturbateurs endocriniens dont le BPA. Dans l’étude, les chercheurs ont constaté au plan macroscopique que les dents de rats exposés au BPA à faible dose présentent les mêmes caractéristiques que celles humaines lors du MIH, c’est-à-dire un émail fragile et fracturé. Cet effet n’est observé dans une fenêtre de sensibilité à l’exposition, qui ne dépasse pas 30 jours post-natals chez le rat, et pour de faibles doses journalières (5 microgrammes/jour).

Un émail hypominéralisé

Sur le plan microscopique, il existe une diminution significative du rapport calcium/phosphore et calcium/carbone dans les dents atteintes. D’où une baisse de la quantité de minéral rendant les dents plus fragiles. Quant à l’analyse des protéines présentes dans la matrice des dents de rats, elle a révélé une augmentation de la quantité d’énaméline, une protéine clef de l’émail en formation, et une accumulation d’albumine traduisant une hypominéralisation.

Deux gènes cibles du BPA ont été mis en évidence, l’énaméline et la kallicréine 4. La fabrication et la commercialisation des biberons contenant du BPA sont interdites depuis 2011 en Europe. Cette interdiction s’étendra à tous les contenants alimentaires à partir de juillet 2015 en France.

American Journal of Pathology

Dr I.D. d’après Inserm

Source : lequotidiendumedecin.fr