Cinq propositions clés, issues d’un travail d’expertise collective, sont portées par l’association Le grand forum Blédina, dans le Manifeste pour les 1 000 premiers jours de vie. Parmi les premiers signataires, figurent entre autres la Société française de pédiatrie (SFP), la Société française de nutrition (SFN), l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), Le Collège national des sages-femmes françaises (CNSF), l’Association d’aide aux jeunes diabétiques (AJD), la Pr Claudine Julien (INRA et présidente de la SF-DOHaD), William Fabvre (Unesco), Benjamin Cavalli (Croix Rouge) et le Pr Umberto Simeoni, chef de service de médecine et réanimation néonatales à Marseille et président de l’association Le grand forum Blédina.
Politique de prévention
Les agences internationales telles que l’ONU, l’UNICEF ou l’OMS reconnaissent désormais la période des 1 000 jours (de la conception aux deux ans) comme levier de prévention des maladies chroniques non transmissibles. On dispose aujourd’hui de nombreuses données attestant que le stress nutritionnel (carences, famines ou surnutrition), les toxiques environnementaux, le mode de vie (activité physique, sommeil), le stress psychosocial, les états inflammatoires et infectieux, et les troubles métaboliques ont des effets : à court terme sur la programmation précoce du développement utérin et postnatal, à long terme sur la santé de l’enfant et parfois des générations suivantes (via des mécanismes épigénétiques). C’est pourquoi le manifeste demande à ce que la période de 1 000 premiers jours de vie, en tant que période de vulnérabilité et fenêtre d’opportunité pouvant affecter la santé future, soit incluse dans la Stratégie nationale de santé française, et en particulier dans le prochain Programme national nutrition santé (PNNS).
Expertise et recherche
De nombreux travaux de recherche ont identifié les 1 000 jours comme période de vulnérabilité, sans pour autant la mentionner en tant que telle. Au niveau des expertises publiques, c’est par exemple le cas des avis ANSES sur les risques potentiels du bisphénol A, sur l’exposition au méthylmercure due à la consommation de poissons, du rapport sur les boissons énergisantes ou encore de l’étude Epifane. Le manifeste milite donc pour que la période des 1 000 jours soit plus clairement définie et considérée comme telle dans les travaux de recherche comprenant cette période, et que des financements publics y soient consacrés.
Recommandations
On constate un décalage important entre les recommandations et la pratique, surtout chez les populations les plus défavorisées. Avant la conception, la supplémentation en acide folique n’est réalisée que chez une petite moitié des femmes ; ce conseil pourrait être étendu aux futurs pères. Par ailleurs, 10 % des femmes enceintes sont obèses, 17 % en surpoids, 30 % fument avant la grossesse et 17 % fument encore au 3e trimestre. Le taux d’allaitement maternel exclusif et la durée de celui-ci reste aussi inférieur aux recommandations. Au moment de la diversification alimentaire, la consommation d’aliments destinés aux adultes entraîne un apport excessif en protéines et en sodium, et trop pauvre en lipides. Entre 1 et 3 ans, les recommandations d’apport lacté spécifique sont très peu respectées, puisque 34 % des enfants de 1 an et 64 % à 2 ans consomment uniquement du lait de vache.
Or, si des repères nutritionnels existent pour la population générale, rien n’est indiqué pour celle couverte par les 1 000 jours. Selon le manifeste, les messages à transmettre pour cette période méritent donc d’être précisés et harmonisés, et surtout déployés de façon permanente.
Prévention grand public
De nouveaux outils de communication, sur l’importance de la prévention et les attitudes à adopter, pourraient encore être créés. C’est le cas en particulier des populations défavorisées qui bénéficient peu d’une prévention spécifique alors qu’elles sont particulièrement concernées, comme l’ont souligné les nombreuses associations caritatives qui ont participé, depuis maintenant un an, aux travaux de l’association Le grand forum Blédina : Croix rouge, Restos du cœur, Banque alimentaire. Le manifeste plaide également pour que les outils existants soient réactualisés, en intégrant le concept des 1 000 jours.
Formation
Enfin, le manifeste note qu’il est important que les professionnels de santés, gynécologues, sages-femmes, pédiatres, médecins généralistes et de PMI, mais aussi les professionnels de la petite enfance et associations en contact avec les populations les plus défavorisées, soient formés sur les 1 000 jours, afin qu’ils transmettent les bonnes pratiques aux parents.
Réunion plénière du Grand Forum Blédina, 24 juin 2014
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