Les très jeunes enfants, de 0 à 3 ans, ont décidément une alimentation inadaptée. Conclusions de l’enquête Nutri-Bébé, conduite en partenariat avec le CREDOC* et à l’initiative du SFAE*.
On savait, depuis le premier volet de l’étude Nutri-Bébé dévoilé en novembre dernier, que des aliments « inadaptés », jambon, petits-suisses, plats préparés partagés avec les parents, etc., étaient introduits à mauvais escient dans l’assiette des nourrissons (dès un an).
Le second volet, qui vient d’être présenté, met en évidence les conséquences de ces comportements à risque à une période critique pour la croissance, chiffres à l’appui, en termes d’apports nutritionnels. Des insuffisances et des excès que révèle l’analyse très précise par le CREDOC, assisté du Dr Jean-Pierre Chouraqui, pédiatre, nutritionniste et gastro-entérologue au CHU de Grenoble, de plus de 1 000 carnets de consommation, combinée à une table de composition nutritionnelle, sur trois jours. Les apports ainsi calculés étant comparés aux apports nutritionnels conseillés proposés par l’ANSES d’une part, l’EFSA d’autre part.
Apports protéiques moyens trop élevés
Pour ces enfants, âgés de 15 jours à 35 mois et non allaités au moment de l’enquête, les apports moyens protéiques augmentent progressivement avec l’âge, et atteignent presque 4 fois les apports considérés comme adéquats par l’EFSA (environ 10 g/jour) à 3 ans, ce qui accroît le travail du rein et, à terme, pourrait être à l’origine d’hypertension artérielle. Comme d’ailleurs l’excès de sel qui, là aussi, concerne plus de 95 % des enfants de plus de un an… Le lait de vache, le fromage ou les biscuits participent à cette charge en sel.
À l’inverse, les enfants sont à l’évidence en dette lipidique, ces nutriments étant pourtant indispensables, parce que fournisseurs d’énergie (en un faible volume), facteurs structurants des membranes cellulaires et précurseurs de médiateurs, de l’inflammation par exemple. La plupart des enfants sont en dessous des apports adéquats et plus particulièrement pour les acides gras essentiels, DHA notamment, à partir de 6 mois (et le lait 2e âge, puis de croissance, ici pris en quantités insuffisantes). « Ils ne sont toutefois pas en dette énergétique, observe le Dr Chouraqui, ces parents "lipidophobes" compensant le défaut d’apport lipidique par davantage de sucres (simples plus volontiers) et de protéines… »
Quant au fer, cofacteur de croissance et des défenses immunitaires, au moins 50 % des enfants en manquent à partir de 6 mois.
* Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie ; Secteur français des aliments de l’enfance
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