Une étude parue dans le
New england journal of medicine en janvier 2015 a fait grand bruit. Les auteurs concluent en effet que la combustion des e-liquides produit du formaldéhyde, substance hautement toxique, quand la puissance de la e-cigarette est réglée sur le plus haut voltage (5 V) (1). À cette puissance, le consommateur qui utiliserait 3 ml/jour de e-liquide produirait environ 15 mg de formaldéhyde alors que la quantité produite par la consommation d’un paquet de 20 cigarettes est de 3 mg. Ce constat n’en finit pas d’alimenter les détracteurs de la e-cigarette.
Oui... mais ! Il faut savoir les e-cigarettes ne possèdent pas toutes cette technologie qui permet d’augmenter leur puissance et que généralement les vapoteurs ne surchauffent pas le liquide, car cela a pour effet d’aspirer des vapeurs acres fort désagréables.
Quoi qu’il en soit, l’utilisation de la e-cigarette n’est pas anodine. Vapoter, c’est introduire un élément toxique dans les poumons. Des études in vitro et in vivo viennent témoigner de l’effet irritant et de la présence d’agents chimiques carcinogènes dans la combustion des e-liquides. Ainsi, certains vapoteurs voient augmenter leurs résistances bronchiques après inhalation avec la e-cigarette. « La question, souligne le Pr Thierry Chinet, hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt, est de savoir si vapoter est moins toxique que fumer du tabac. La réponse est claire, c’est oui. Le degré de toxicité issue de la combustion des e-liquides est loin d’atteindre celui de la combustion du tabac. D’autant plus que les particules de fumée du tabac persistent plus longtemps dans l’atmosphère ».
Porte de sortie ou d’entrée ?
En réalité, le problème qui se pose est de savoir si l’utilisation de la e-cigarette va réellement réduire le tabagisme à l’échelon collectif ou au contraire contribuer à maintenir un certain degré de tabagisme, les fumeurs de tabac trouvant satisfaction en réduisant leur consommation par l’utilisation de la e-cigarette. Les résultats d’une enquête effectuée aux États-Unis sur des adolescents montrent que l’utilisation d’e-cigarettes ne les décourage pas et peut même les encourager à fumer des cigarettes conventionnelles (2).
Et si la e-cigarette était une porte d’entrée dans le tabagisme ? « Pour l’instant, déclare le Pr Chinet, aucune donnée ne permet d’arriver à une telle conclusion ».
Quand aux fabricants de tabac, ils ont de nombreuses raisons de se lancer sur le marché des e-cigarettes. Pour être présents si un jour elles supplantent les cigarettes classiques et aussi probablement en tablant sur l’incertitude actuelle de la e-cigarette comme porte d’entrée dans le tabagisme. « Dans 4 à 5 ans, conclut le Pr Chinet, nous aurons plus de données. Les recherches sont nombreuses. L’idéal, évidemment, est d’arrêter complètement de fumer quoi que ce soit ! ».
Entretien avec le Pr Thierry Chinet, service de pneumologie, hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt
(1) Hidden Jensen RP. Formaldehyde in E-Cigarette Aerosols N Engl J Med 2015;372:392-4
(2) Dutra lauren M. et al. Electronic Cigarettes and Conventional Cigarette Use Among US AdolescentsA Cross-sectional Study. JAMA Pediatr. 2014;168(7):610-17
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