LA BPCO est la maladie respiratoire la plus fréquente après 40 ans. Cette maladie, qui peut être prévenue et traitée, est la seule maladie chronique dont la fréquence croît. Elle tue presque autant que l’infarctus du myocarde, bien que l’on en parle moins. Surtout, c’est une cause de handicap insidieux et sévère.
Sur le plan épidémiologique, la prévalence de la BPCO, difficile à estimer, est de l’ordre de 5 à 10 % chez les adultes de plus de 45 ans (1). La mortalité augmente chez les femmes alors qu’elle est restée stable chez les hommes. Les taux d’hospitalisation ont augmenté entre 1998 et 2006, plus particulièrement chez les femmes.
Chez les femmes fumeuses, l’affection reste sous-diagnostiquée (2). Or, dans les pays industrialisés, l’augmentation de la prévalence chez les femmes s’explique notamment en raison de l’augmentation du tabagisme féminin et d’une susceptibilité plus grande à la maladie.
Des femmes plus jeunes, une mortalité plus élevée.
En ce qui concerne les exacerbations, une étude observationnelle a montré qu’elles surviennent chez des femmes plus jeunes et plus souvent non-fumeuses que les hommes ; que les fumeuses étaient plus jeunes que les ex-fumeuses et les non-fumeuses (3).
Sur le plan du pronostic, en cas de BPCO sévère, la mortalité générale, mais aussi spécifique, d’origine respiratoire ou cardio-vasculaire, est plus élevée chez les femmes, comme l’a montré une étude suédoise de grande envergure (4).
Dans un autre travail, très récent, les auteurs ont souligné la mauvaise qualité de vie des patientes atteintes de BPCO (5). Dans cette étude transversale multicentrique, ils ont inclus 4 574 patients de 40 ans et plus. Les caractéristiques de la maladie et les atteintes comorbides ont été recueillies, et la qualité de vie a été appréciée par les questionnaires EuroQol 5D et Airways Questionnaire 20. La prévalence de l’anxiété et de la dépression ont été notées. Enfin, les données recueillies ont été comparées entre les hommes et les femmes.
L’âge moyen de la population de l’étude était de 67 ans et 740 sujets, soit 16,7 % de l’effectif, étaient des femmes. Celles-ci étaient beaucoup plus jeunes que les hommes, avaient une meilleure fonction pulmonaire et fumaient moins qu’eux, mais leur qualité de vie est apparue beaucoup plus altérée et la fréquence de l’anxiété et de la dépression sont apparues beaucoup plus importante. Une analyse multivariée a confirmé que le sexe féminin était significativement associé à une moins bonne qualité de vie, mais pas à la sévérité de la dyspnée.
Une prise en charge holistique.
La prise en charge de la BPCO chez la femme comme chez l’homme est respiratoire et elle cherche à obtenir une réduction de la mortalité et un ralentissement du déclin de la fonction respiratoire. Mais les actions à visée respiratoire peuvent décevoir les patients en raison de leur effet partiel et vite oublié. Il faut alors résister à la tentation des escalades thérapeutiques hors recommandations » et privilégier un abord global, « holistique », portant notamment sur le sevrage tabagique et les comorbidités et, surtout, « appréhender la complexité des relations que la maladie tisse entre la patiente et son corps, son entourage et la société ».
* Service de Pneumologie et Réanimation, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière
Conflits d’intérêt : le Pr Similowski a perçu des honoraires ou financements pour diverses participations à des congrès et communications, à actions de formation et de conseil, à des groupes d’experts, et à des travaux de recherche, de la part des Laboratoires / entreprises Astra Zeneca France, Astra Zeneca Corporate, Boerhinger Ingelheim France, GlaxoSmithKline France, Hamilton medical, Maquet France, Medapharma, MSD France, Novartis Pharma France, Nycomed France, Nycomed Corporate, Pierre Fabre, Pfizer France, Rox Biomedical Ltd, Synapse Biomedical Ltd.
Références
(1) Fuhrman C, et coll., pour le groupe épidémiologie et recherche clinique de la SPLF. Épidémiologie descriptive de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) en France. Rev Mal Respir 2010 ; 27 (2) : 160-8.
(2) Raherisona C, et coll. Existe-t-il des spécificités chez les femmes atteintes de BPCO ? Rev Mal Respir 2010 ; 27 (6) : 611-24.
(3) Moncelly L, et coll. Les exacerbations aiguës de BPCO chez la femme : étude EABPCO-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Rev Pneumol Clin 2010 ; 66 (2) : 107-19.
(4) Ekström M et coll. Increased relative mortality in women with severe oxygen-dependent COPD. Chest 2010 ; 137 : 31-6.
(5) Naberan K, et coll. Impairment of quality of life in women with chronic obstructive pulmonary disease. Respir Med 2012 ; 106 (3) : 367-73.
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