Dans quelles conditions les médecins généralistes doivent-ils s’investir dans le dépistage de la BPCO ? Et faut-il les inciter à faire des mesures du souffle ? Depuis plusieurs années, ces questions suscitent un débat dans le monde de la pneumologie. « Au départ, il y a eu quelques inquiétudes chez un certain nombre de pneumologues, assez semblables à celles qu’on a pu voir chez les cardiologues quand les généralistes ont commencé à faire des ECG. Mais aujourd’hui, les barrières ont été levées. Tout le monde convient de la nécessité d’un partenariat intelligent entre pneumologues et généralistes pour parvenir à une meilleure détection des patients BPCO », explique le Dr Thierry Perez, praticien dans le service de pneumologie et des maladies respiratoires du CHRU de Lille.
Un premier tournant a été la sortie du plan BPCO (2005–2010). «Ce plan prévoyait la mise en place d’un dépistage chez tous les sujets à risque via une mesure du souffle effectuée par les généralistes. L’idée était qu’ils utilisent des Piko-6 ou des BPCO-6. La Fédération Française de Pneumologie et le Comité national contre les maladies respiratoires se sont largement mobilisés à l’époque. Avec le soutien de quelques sponsors pharmaceutiques, nous avons assuré une distribution assez large de ces mini-spiromètres dans les cabinets de médecine générale, après une formation courte à la mesure du souffle », explique le Dr Pérez. Mais, au bout de quelque temps, les pneumologues se sont rendu compte que les généralistes ne se servaient quasiment plus de ces spiromètres. « Soit par manque de temps, de motivation ou parce qu’ils avaient des difficultés pour les manipuler », souligne le Dr Pérez.
Aujourd’hui, une deuxième étape a été lancée avec des objectifs un peu modifiés. « On ne parle plus de dépistage systématique mais plutôt de détection de la BPCO chez des patients ayant des symptômes et une obstruction. Nous souhaitons sensibiliser les généralistes à la nécessité de proposer de manière systématique un questionnaire de détection des symptômes chez les patients potentiellement à risque, ces symptômes étant banalisés par le patient. Ensuite, ils pourraient procéder à une mesure du VEMS avec un débitmètre électronique très simple d’utilisation, mais qui ne détecte que les stades modérés à sévères. Les généralistes qui le souhaitent pourraient aussi faire une vraie spirométrie avec courbe débit/volume », indique le Dr Pérez.
« Le test de réversibilité de l’obstruction, indispensable, est sans doute moins accessible au MG pour des raisons de temps, ajoute-t-il. Les critères pour référer au pneumologue après spirométrie de détection seront également à formaliser : nécessité d’une EFR complète avec réversibilité (si pas faite) ; en cas de doute du diagnostic (asthme versus BPCO) ; patients sévères (symptômes ou spirométrie) ; les non répondeurs au traitement de première intention ou qui se dégradent ; les exacerbateurs fréquents ; en cas de comorbidités significatives, pour déterminer l’impact propre de la BPCO ».
La formation de ces généralistes sera conduite dans le cadre de programmes de Développement professionnel continu (DPC). « Notre souhait est de mettre en place des actions très structurées et organisées, d’une durée de 6 heures environ (a priori en deux sessions) », indique le Dr Pérez, en précisant que ce projet est conduit en lien avec le Collège des enseignants de médecine générale. « L’ODPC de pneumologie PneumoDPC est très impliqué, sous la houlette de la Fédération de pneumologie et de la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF), avec son groupe BPCO dirigé par le Pr Nicolas Roche ».
D’après un entretien avec le Dr Thiery Perez, praticien dans le service de pneumologie du CHRU de Lille.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024