Près de deux tiers des patients présentant une suspicion de pneumonie communautaire reçoivent des antibiotiques malgré des résultats négatifs à la radiographie pulmonaire. C’est ce que montre une étude française réalisée par une équipe Université Paris Cité/Université Sorbonne Paris Nord/Inserm et parue dans les Annals of Family Medicine.
« Le diagnostic de pneumonie communautaire est complexe et repose sur une combinaison de symptômes cliniques non spécifiques et de critères radiologiques, expliquent les auteurs. Selon la plupart des recommandations, une confirmation par radiographie pulmonaire est nécessaire pour établir un diagnostic et initier une antibiothérapie. »
En France, les recommandations indiquent que le diagnostic doit être établi par la visualisation d'une opacité parenchymateuse à la radiographie thoracique, mais « ne précisent pas suffisamment la conduite à tenir en cas de suspicion clinique de pneumonie communautaire avec radiographie pulmonaire négative », constatent les auteurs.
Entre novembre 2017 et décembre 2019, 259 patients ayant bénéficié d’une radiographie dans les six heures suivant la suspicion de pneumonie communautaire ont été inclus par 108 médecins généralistes dans cette étude prospective.
Parmi ces patients, 55,6 % présentaient des résultats positifs à la radiographie. Ces patients étaient cliniquement plus sévères que ceux dont la radiographie était négative et présentaient des symptômes prolongés.
Des recommandations à clarifier en cas de résultats négatifs à la radiographie
Un traitement par antibiotiques a été mis en place pour 99,3 % des patients avec radiographie positive et pour 68,7 % de ceux ayant une radiographie négative.
Parmi les 115 patients avec radiographie négative, « les différences de symptômes cliniques entre ceux qui ont reçu des antibiotiques et ceux qui n'en ont pas reçu n'ont pas semblé suffisamment pertinentes sur le plan clinique pour justifier la prescription d'antibiotiques », notent les auteurs.
De plus, aucune différence n’a été retrouvée entre les deux groupes de patients en termes d'hospitalisation pendant la période de suivi de 28 jours ou de décès.
« Les patients présentant une suspicion clinique de pneumonie communautaire (sans gravité nécessitant une hospitalisation) et sans confirmation radiologique devraient donc être traités sans antibiotiques », estiment les auteurs.
Par ailleurs, ces derniers s’attendaient « à une moindre prescription d'antibiotiques pour les patients présentant une radiographie négative compte tenu des recommandations françaises pour la prise en charge des pneumonies », « d'autant plus que ces patients apparaissaient cliniquement moins sévères à l'inclusion que les patients avec radiographie positive. »
Ces résultats montrent que si les généralistes ont quasi systématiquement toujours pris en compte les résultats d’une radiographie positive pour prescrire des antibiotiques, c’est nettement moins le cas pour une radiographie négative.
« Ces résultats justifient une clarification de la conduite à tenir en cas de suspicion clinique de pneumonie communautaire sans confirmation radiologique », considèrent les auteurs, qui appellent également à mieux comprendre ce qui conduit les généralistes à prescrire des antibiotiques aux patients dont la radiographie est négative.
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