Polémique autour du DSM-5

Plaidoyer pour un usage raisonné

Publié le 19/12/2013
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ANNONCÉE LE 18 mai 2013, l’édition de la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM, pour « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders ») de l’Association Américaine de Psychiatrie (APA), ou DSM-5 est, comme le DSM-IV, une évolution mineure du DSM-III, publié en 1980 (1). Cette édition avait pour mission d’homogénéiser les pratiques diagnostiques et le vocabulaire utilisé par les psychiatres. Le DSM est ainsi destiné à faire office de check-list de symptômes et aider à poser un diagnostic sur des critères relativement objectifs et consensuels.

L’apparition de l’accumulation compulsive.

Le DSM-5 compte un nombre limité de changements. Il y a une certaine prudence à inclure des nouvelles catégories et non pas un laxisme, comme voudraient le faire croire ses détracteurs. Parmi elles figure l’accumulation compulsive (Hoarding Disorder), trouble connu depuis longtemps sous le nom de syndrome de Diogène. Le DSM-5 n’a en l’espèce rien inventé, mais l’apparition de ce trouble au sein du manuel conduira peut-être à un meilleur repérage.

Néanmoins, un mouvement tend à étendre le champ de la pathologie psychiatrique à des troubles proches de la normalité. Le surdiagnostic en est un risque. De plus, le DSM facilite le recours au médicament car il est fondé sur un modèle très médical enchaînant symptômes, diagnostic et traitement. Les AMM des médicaments sont le plus souvent libellées selon les diagnostics DSM. Le traitement médicamenteux est ainsi souvent la solution de facilité, plus aisée à mettre en œuvre qu’une psychothérapie.

Pour user au mieux du DSM-5, il ne faut pas le suivre aveuglément ni le considérer comme la pierre angulaire de l’édifice psychiatrique (3, 4). Le DSM est un instrument parmi d’autres, qui sert utilement de cadre diagnostique mais ne se suffit pas à lui-même. Toutes les souffrances psychiques ne rentrent pas dans des cases ! Le simple fait que le DSM soit soumis à des révisions périodiques montre bien la relative souplesse avec lequel il faut l’utiliser…

* Responsable de l’unité de psychiatrie de l’Hôpital Tarnier, Paris

(1) American Psychiatric Association : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5th edition. Arlington, VA : American Psychiatric Association ; 2013.

(2) Kupfer D. The DSM-5 - an interview with David Kupfer. BMC Medicine 2013 ; 11 : 203.

(3) Nemeroff CB, Weinberger D, Rutter M, MacMillan HL, Bryant RA, Wessely S, et al. DSM-5 : a collection of psychiatrist views on the changes, controversies, and future directions. BMC Medicine 2013 ; 11(1):1–1.

(4) Adam D. Mental health : On the spectrum. Nature 2013 ; 496 (7446) : 416–8.

 Dr GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9290