Devenir mère en étant schizophrène expose à de nombreuses complications, tant pour la mère que pour l’enfant, bien supérieures à celles que connaissent les femmes sans troubles psychiatriques, met en lumière une étude de cohorte nationale publiée dans « The Lancet Europe ».
L’équipe du Dr Guillaume Fond s’est penchée sur les données issues du PMSI (programme de médicalisation des systèmes d’information) de 3,6 millions de femmes qui ont eu un enfant entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2019. Il s’agit ainsi de la première étude française sur le sujet, qui plus est, reposant sur des données récentes (ultérieures à 2014), est-il souligné. Quelque 24 critères ont été pris en compte.
Problèmes métaboliques, enfants mort-nés, IMG
Parmi les 3 667 461 naissances incluses dans l’étude, 3 108 provenaient de femmes souffrant de schizophrénie. Comparées au groupe contrôle de femmes sans troubles psychiatriques, ces mères étaient plus âgées, présentaient davantage d’addictions (tabac, alcool, toxiques), souffraient davantage d’obésité et de comorbidités (diabète et BPCO). Elles étaient plus souvent hospitalisées dans des CHU ou des maternités de type 3.
Après ajustement (pour éliminer des facteurs de confusion comme le niveau socioéconomique, l’âge, les addictions, l’obésité et les comorbidités), il ressort que les femmes souffrant de schizophrénie avaient un risque augmenté de 40 % (OR ajusté : 1,41) de complications pendant la grossesse (diabète gestationnel, hypertension artérielle, infections urinaires ou génitales, retard de croissance intra-utérin). En revanche, aucune différence n’a été observée pour ce qui est du risque de pré-éclampsie.
Ces femmes avaient un risque de complications lors de l’accouchement augmenté de 20 % (aOR : 1,18) avec plus d’enfants mort-nés ou d’interruptions médicales de grossesse (aOR : 2,17) ou de césariennes (aOR : 1,15) − un élément qu’il faudrait creuser, selon les auteurs.
Quant aux enfants de mères souffrant de schizophrénie, ils présentaient davantage de complications néonatales (aOR : 1, 38), notamment une prématurité (1,64), une petite taille à la naissance (1,34) et un petit poids (1,75).
Un accompagnement à renforcer
Moins d’un tiers (29,8 %) des femmes enceintes atteintes de schizophrénie avait eu des contacts réguliers (7 rencontres ou plus) pour des soins psychiatriques ambulatoires. Et près d’un quart avait dû être hospitalisé en psychiatrie − reflet d’une médiocre stabilisation de leur pathologie, est-il souligné.
Les auteurs recommandent donc de renforcer l’accompagnement des femmes enceintes atteintes de schizophrénie. L'accent est mis sur la prévention : limiter les risques métaboliques, dépister les infections génitales et urinaires (afin de prévenir notamment la prématurité), promouvoir le sevrage tabagique précoce, l’abstinence d’alcool et l’arrêt de l’abus de substances. Ou encore de développer des programmes spécifiques pour d’autres besoins pendant et avant la grossesse.
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