C’est dans un paysage de l’offre de soins psychiatriques très complexe que le centre hospitalier Gérard-Marchant (CHGM) de Toulouse, structure spécialisée située au sud de Toulouse, tente bon an mal an d’accueillir des patients dans les meilleures conditions possible. Dans un rapport publié le 11 juillet, la chambre régionale des comptes d’Occitanie dresse un constat sévère sur la situation de cet établissement.
Le contexte joue sur l’activité de cet établissement. Le parc psychiatrique est certes important en Haute-Garonne, mais mal réparti entre secteur public et privé. Une spécificité que Frédéric Valletoux, ministre de la Santé, avait pointé du doigt à l’hiver dernier. « La densité de lits d’hospitalisation complète du département est supérieure à la moyenne nationale, mais elle est atypique par la prépondérance de l’offre privée », confirme les magistrats. De fait, les cliniques concentrent à elles seules trois quarts des lits mais se concentrent sur les cas les moins lourds. Dès lors, l’offre publique, et le CHGM en particulier, sous-dimensionnée, souffre d’un phénomène d’engorgement conséquent. Autre élément qui perturbe le bon fonctionnement du CHGM : l’établissement prend en charge une part importante des soins sans consentement (la file active est ciblée à 75 % sur le public), ce qui implique une charge de travail et une responsabilité accrues pour les médecins.
Durée de séjour de quatre-vingts jours en moyenne
Ces dysfonctionnements pèsent clairement sur la prise en charge. Le rapport constate des durées de séjour extrêmement longues (quatre-vingts jours en moyenne contre cinquante-deux au niveau national). En parallèle, l’offre ambulatoire, pourtant étoffée (239 psychiatres libéraux en 2020) ne parvient pas à soulager l’établissement. Là aussi, les délais de consultation sont très longs, pouvant aller de six mois à un an. Conséquence, note le rapport : « Cela limite la prévention et le suivi des patients et multiplie les risques de décompensations et d’arrivée aux urgences psychiatriques. »
L’inadaptation de l’offre ambulatoire en psychiatrie multiplie les risques de décompensation et d’arrivée aux urgences
Rapport de la chambre régionale des comptes- CHGM de Toulouse.
Une situation financière « très fragile »
Facteur aggravant, « la situation financière du CHGM reste très fragile car contrainte par les charges de personnel », qui enregistre une augmentation moyenne annuelle de 5 %, et par la ressource essentielle constituée par la dotation annuelle de financement (DAF) de 32 millions d’euros sur la période 2018-2022. La capacité d’autofinancement brute se dégrade fortement, passant de 981 000 euros à - 13,1 millions d’euros en 2022. Dès lors, « le déficit structurel de l’établissement ne lui permet pas de dégager de l’épargne pour honorer sa dette », indique le rapport.
Contingenter les heures supplémentaires des soignants non médicaux
Parmi les recommandations à mettre en œuvre, les auteurs souhaiteraient compléter le recueil de l’information médicale par des données sur l’orientation des patients en aval de l’hospitalisation. Une attention particulière est portée sur la qualité de vie au travail des personnels soignants non médicaux qui ne devront pas travailler plus de vingt heures supplémentaires par mois. Les centres médico-psychologiques (CMP) ne jouant pas pleinement leur rôle, les rapporteurs appellent à en renforcer l’efficience. Pour la gestion des urgences, la création d’une fédération de médecins psychiatres permettrait de renforcer la coopération des acteurs.
L’attractivité médicale reste en berne malgré les efforts fournis
En 2022, le CHGM compte 124 médecins en équivalents temps plein (ETP). 67 % d’entre eux sont des praticiens hospitaliers titulaires, 20 sont des contractuels, les autres sont des internes et des étudiants. Cinq postes sont restés vacants sur 12 recrutements. En 2023, 18 psychiatres et trois généralistes ont plus de 55 ans. Les difficultés de recrutement sont liées aux urgences psychiatriques du CHU, aux astreintes du CHGM pour la permanence des soins ainsi qu’au profil complexe des patients à suivre. Le rapport mentionne des « vacances de postes parfois importantes » pour les médecins. Sur la période 2018-2022, le temps de travail additionnel représente un montant de rémunération de 35 000 euros en moyenne par an. Au global, le rapport déplore une « explosion des heures supplémentaires » de 30 % entre 2018 et 2022.
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