Maladie articulaire la plus répandue, l’arthrose induit une invalidité associée à des douleurs et une perte de mobilité. Elle se caractérise par la destruction du cartilage provoqué par un dysfonctionnement du chondrocyte, seule cellule qui constitue le cartilage articulaire. En dépit de nombreux efforts, aucun traitement spécifique n’est disponible, mis à part la prise en charge symptomatique. L’absence de cellules souches, pouvant régénérer le cartilage, rend les lésions irréversibles. Le défi d’une thérapie efficace repose justement sur l’induction de la réparation du cartilage, en reprogrammant les chondrocytes articulaires en chondrocytes pouvant induire la régénération tissulaire.
Régénérer les tissus grâce à la reprogrammation cellulaire
Dans le cadre de ces objectifs, nous nous sommes intéressés à Lin28a, une protéine dont l’expression est associée à la régénération de nombreux tissus. Dans un premier temps, grâce à l’ingénierie génétique, nous avons généré des souris qui surexpriment Lin28a uniquement dans le cartilage. Puis, l’arthrose a été provoquée chez ces souris par méniscectomie. Dans ce modèle, des signes histologiques de l’arthrose sont observables quatre semaines après la chirurgie. En effet, il a notamment été constaté une augmentation des protéases responsables de la destruction, comme des collagénases (MMP-3/13) et des aggrécanases (Adamts4/5). Par contre, les protéines responsables de la formation et du maintien de l’intégrité du cartilage, comme la lubricine ou le collagène de type 2, sont fortement réprimées. La surexpression de lin28a à ce stade permet non seulement une répression des protéases, mais aussi une réactivation de l’expression des protéines associées au renouvellement du cartilage, qui n’était plus détectable avant l’induction de l’expression de Lin28a. Pour la première fois, notre équipe a mis en évidence une reprogrammation cellulaire, permettant le passage d’un chondrocyte arthrosique à un chondrocyte capable de régénération tissulaire.
Un mécanisme de réparation du cartilage
Inversement, la délétion de lin28a spécifiquement dans les chondrocytes aggrave la dégradation du cartilage, aussi bien dans le modèle d’arthrose induite par méniscectomie que par vieillissement. De plus, nous avons observé que l’expression de Lin28a était augmentée dans les cartilages humains arthrosiques. Cela suggère la mise en place d’un mécanisme de réparation des lésions, de façon à limiter la dégradation du cartilage. Cette étude ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques dans l’arthrose, avec la possibilité d’induire la réparation du cartilage via la surexpression de Lin28a.
Nous travaillons actuellement sur l’analyse des mécanismes, afin d’identifier des processus permettant une expression plus importante de Lin28a dans le cartilage. Cette stratégie aurait l’avantage de bloquer le développement de la maladie chez des patients symptomatiques, mais également de favoriser la génération du cartilage des sujets atteints d’une forme sévère.
(1) Jouan et al., Sci. Adv. 8, eabn3106 (2022)
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?