Il n’est plus à démontrer que l’épidémie de Covid 19 a été associée à une incidence plus importante d’évènements thrombo-emboliques veineux (ETV). Il était donc intéressant de savoir si les patients opérés d’une prothèse articulaire du membre inférieur (hanche ou genou), traditionnellement exposés à ce type d’effets indésirables, voyaient leur risque majoré en cas d’antécédent de Covid 19.
Mettant à profit une immense base de données extraites du registre Medicare (Assurance Maladie quasi universelle des plus de 65 ans aux États-Unis), les chercheurs ont étudié la prévalence des ETV postopératoires parmi près de deux millions et demi d’opérés, sur une période de cinq ans (2016 à 2021). Ils ont segmenté les périodes d’évaluation en deux groupes : 2016 à 2019 puis 2020 à 2021 et regarder si les niveaux de risque et/ou leur tendance évolutive, se trouvaient ou non modifiés par l’existence d’un antécédent de Covid 19.
Résultats : alors que l’évolution du risque thromboembolique veineux s’avérait initialement favorable (passant de 2,2 % à 1,9 % pour la prothèse de hanche -PTH- et de 2,5 % à 2,2 % pour la prothèse de genou - PTG), sur la seconde période, l’existence d’un antécédent de Covid 19 venait au contraire majorer ce risque en cas d’intervention de prothèse totale de genou. Cette majoration du risque n'était pas significative en cas de prothèse totale de hanche.
Des conclusions prudentes
Cependant, si cette étude de prothèses totales du membre inférieur, démontre qu’un diagnostic de Covid dans les antécédents, est associé à une élévation d’incidence globale des évènements thrombo-emboliques veineux postopératoire après pose d’une prothèse totale de genoux, elle n’est pas parvenue à mettre en évidence une élévation de la fréquence des embolies pulmonaires.
Au total, malgré l’éclairage intéressant de cette étude, à la fois en raison du nombre de cas analysés et de la méthodologie suivie, il est délicat d’en généraliser la portée dans la mesure où la prophylaxie thromboembolique postopératoire aux États-Unis n’est pas strictement superposable à celle pratiquée dans certains pays d’Europe.
Les auteurs soulignent aussi la nécessité de poursuivre l'analyse, compte tenu notamment de l'évolution des taux de vaccination et de l'émergence de variants.
Pr Charles Msika, Membre de la Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique SOFCOT
D’après Jeffrey Okewunmi & al. (Dpt.of Orthopaedic Surgery Mount Sinai Hospital N.Y.) The Arthroplasty Journal. 25 septembre 2023. Ref. 10.1016/j.arth. 2023.09.026
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