La prévalence de la goutte était jusqu’alors mal connue en France, alors qu’elle est estimée à 2,5 % au Royaume-Uni, à 3,9 % aux États-Unis et 1,1 % en Italie. Un questionnaire administré à 10 000 sujets par téléphone a permis de déterminer avec une très bonne fiabilité la prévalence de la goutte dans notre pays. Elle touche 0,9 % de la population adulte, ce qui en fait le rhumatisme inflammatoire le plus fréquent, devant la polyarthrite rhumatoïde et les spondylarthropathies dont la prévalence est estimée entre 0,2 et 0,4 %.
Au niveau thérapeutique, nous disposons actuellement de deux inhibiteurs de la xanthine oxydase que sont l’allopurinol et le fébuxostat. Une autre molécule est en développement, le lésinurad, inhibiteur sélectif du transporteur apical anionique URAT1. Les études rapportent un effet très marqué en association avec l’un des deux inhibiteurs de la xanthine oxydase. Ce nouvel uricosurique devrait être disponible dans les années à venir pour réduire l’uricémie.
Deux études de phase 3 ont donné des résultats encourageants dans le traitement des accès inflammatoires avec le canakinumab, un inhibiteur de l’IL1, qui s’est montré supérieur aux injections de corticoïdes.
Compte tenu du sur risque cardiovasculaire et rénal associé à la goutte, les recherches sur l’impact rénal et cardiovasculaire des hypo-uricémiants se multiplient. Une publication récente souligne les bénéfices en termes de réduction des valeurs tensionnelles des hypo-uricémiants, en particulier de l’allopurinol, chez des adolescents hypertendus, qui sont quasiment tous hyperuricémiques. Un autre travail montre une amélioration des tests d’effort chez des patients ayant un angor et recevant de l’allopurinol, et ce indépendamment de l’impact du traitement sur la goutte. Par ailleurs, plusieurs essais suggèrent que les hypo-uricémiants pourraient freiner l’altération de la fonction rénale.
Enfin, deux études contrôlées randomisées menées par des cardiologues mettent en évidence une diminution des événements cardiovasculaires chez des coronariens traités par de petites doses de colchicine. Cette molécule reste toutefois difficile à manier en raison de ses nombreux effets indésirables. Des données pharmacodynamiques rapportent une grande variation des concentrations, en particulier lorsqu’elle est associée à la ciclosporine, le kétoconazole, le diltiazem et surtout l’érythromycine, associations qui doivent être contre-indiquées.
Des avancées concernent également la génétique, avec la mise en évidence de SNPs (Small nucleotide polymorphism) associés à la goutte, de gènes impliqués dans le transport rénal de l’urate et de gènes de susceptibilité au syndrome métabolique.
Enfin, l’actualité dans la goutte ce sont aussi les nouvelles recommandations européennes sur le diagnostic et le traitement, qui seront présentées lors du prochain congrès de l’Eular qui se déroulera à Paris du 11 au 14 juin.
D’après un entretien avec le Pr Pascal Richette, hôpital Lariboisière, Paris.
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