Les opposants au glyphosate enregistre une victoire à une semaine d'un vote crucial des États membres de l'UE

Par

Publié le 20/10/2017

Glyphosate
Crédit photo : AFP

La commission « Environnement et santé publique » (ENVI) du Parlement européen a adopté, ce jeudi 19 octobre, une objection à la proposition de la Commission européenne de renouvellement de l'autorisation du glyphosate pour une durée de 10 ans. Cette prise de position de l'ENVI s'inscrit dans une forte mobilisation des opposants à ce désherbant, suspecté d'avoir un impact important sur la santé. Le 25 octobre prochain, les représentants des États membres se réuniront pour voter le renouvellement de l'autorisation de commercialisation du glyphosate, principal composant du Round Up, commercialisé par Monsanto.

L'objection adoptée en commission, qui doit encore être votée en assemblée plénière par le Parlement européen le 24 octobre, n'est pas juridiquement contraignante. Elle n'en constitue pas moins une opposition formelle au projet de l'exécutif européen. Les députés proposent une sortie du glyphosate dans un délai de 3 ans maximum. En cas de non-renouvellement d'autorisation d'une substance active comme le glyphosate, la législation européenne prévoit en effet un an de grâce maximum pour sa vente dans les formulations et une autre période de grâce concernant l'utilisation. La résolution approuvée aujourd'hui demande que ces délais de grâce (vente et ensuite usage) ne dépassent pas 3 ans.

Michèle Rivasi, membre de la commission Santé et environnement (ENVI), a célébré « une nouvelle victoire », dans un communiqué où elle se réjouit que le Parlement « semble enfin avoir pris la mesure des enjeux sanitaires et environnementaux de l'usage de cette substance classée cancérogène probable pour l'être humain par les experts indépendants de l'Organisation mondiale de la santé. »

Lettre ouverte au président Macron

Après quelques hésitations, le ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie a affirmé que la France votera contre le renouvellement de la licence. En septembre, le Premier ministre Édouard Philippe a par ailleurs appelé à la mise en place d'un plan de sortie du glyphosate.

Dans une lettre ouverte remise la 20 octobre au président de la République Emmanuel Macron, 20 associations, dont Génération future, WWF et la Ligue contre le cancer, demandent que la France « vote en faveur de l’interdiction du glyphosate au niveau européen sans attendre ».

« En France, pas moins de 8 500 tonnes sont vendues chaque année », rappellent les signataires qui agitent le risque sanitaire associé au glyphosate. En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le glyphosate dans la catégorie des cancérogènes probables pour l’homme. Le CIRC n'a pas été suivi dans son jugement par le comité d'évaluation de risques de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). En janvier 2017, une étude publiée dans « Scientific Report » montrait que l'exposition au glyphosate est associée, chez le rat, à une perturbation du métabolisme hépatique et à l'apparition de stéatoses et de nécroses.

Scandale dit des « Monsanto papers »

« Au moins sept études à long terme sur douze ont mis en exergue l’incidence du glyphosate sur le développement de tumeurs, rappellent les associations signataires. Le scandale dit des "Monsanto papers" révélé récemment a jeté le doute sur la crédibilité et le sérieux des évaluations » de l'EFSA et de l'ECHA "qui ont copié-collé" des rapports fournis par l’industrie chimique [...] Il est primordial que la France soit intransigeante et exemplaire en matière d’indépendance de l’expertise. »

Une initiative citoyenne européenne (ICE) a été lancée pour demander, entre autres, l’interdiction du glyphosate. En moins de 5 mois, cette initiative a réuni plus d’un million trois cent mille signataires dans toute l’Union européenne.