Cancer de l’endomètre : l’hypertrophie non retrouvée à l’échographie chez plus d’une femme noire sur 10

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Publié le 01/07/2024
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L’épaisseur de l’endomètre par échographie pelvienne comme outil de triage pour le diagnostic du cancer du corps de l’utérus n’est pas appropriée pour les personnes noires, selon une étude américaine. Les auteurs recommandent de réaliser une hystéroscopie avec biopsies.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Pour les patientes noires avec des saignements après la ménopause, une nouvelle étude publiée dans le JAMA Oncology recommande de réaliser directement une biopsie plutôt qu’utiliser la mesure de l’épaisseur de l’endomètre par échographie pelvienne endovaginale comme stratégie de triage.

Les recommandations actuelles retiennent un épaississement de l’endomètre d’au moins quatre millimètres chez toute personne avec des symptômes pour réaliser une biopsie de confirmation. Les personnes noires sont plus à même d’avoir des types histologiques fibroïdes et non endométrioïdes : sans hypertrophie de l’endomètre, elles se voient moins souvent prescrire de biopsie de confirmation.

Dans ce travail, les chercheurs ont mesuré le risque de faux négatifs sur une population de près de 1 500 personnes afro-américaines âgées de 41 à 54 ans ayant eu une hystérectomie, dont 210 avec un cancer. Leur parcours diagnostique a été retracé dans les deux ans précédant la chirurgie : avec une limite d’épaisseur à cinq millimètres, 11,4 % d’entre elles ont eu un résultat faux négatif et n’ont donc pas réalisé de biopsie. À quatre millimètres, elles étaient 9,5 % et à trois millimètres le risque d’un faux négatif baissait à 3,8 %.

Un délai allongé entre l’échographie et l’hystérectomie

Chez les patientes de moins de 50 ans, il n’y a eu aucun mauvais diagnostic lié à l’échographie pelvienne. Les femmes de plus de 50 ans sont donc les plus à risque. La probabilité d’un faux négatif était significativement plus élevée chez les patientes avec des douleurs pelviennes (14,5 %) et une hypertrophie de l’endomètre partielle (26,1 %).

Le groupe de patientes avec une épaisseur de l’endomètre inférieure à cinq millimètres a aussi montré une plus forte prévalence de types fibroïdes et de douleurs pelviennes. Elles avaient aussi un délai plus important entre la date de l’échographie et l’hystérectomie avec une médiane de 91 jours contre 55 pour le groupe avec une épaisseur d’endomètre de plus de cinq millimètres.

Pour les chercheurs, l’échographie pelvienne comme stratégie de triage pour le cancer de l’endomètre est « sous-optimale » pour les patientes noires, ce qui justifie de changer d’approche particulièrement pour celles de plus de 50 ans.


Source : lequotidiendumedecin.fr