Le retour des IST
Sujet phare du dernier congrès de l’IAS, la PrEP (prophylaxie pré-exposition) offre un espoir supplémentaire d’éteindre l’épidémie du sida. L’extension d’AMM accordée au Truvada dans la PrEP est entrée en vigueur le 1er mars 2017. Ce nouvel outil de prévention impose, cependant, de redoubler de vigilance vis-à-vis des autres IST, qui n’ont jamais cessé de progresser depuis leur résurgence (syphilis) ou recrudescence (gonococcie) au tournant des années 2000. « Nous sommes confrontés à une véritable explosion », estime le Pr Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à la Pitié-Salpêtrière. Selon une étude récente (BEH, 28 novembre 2017), près d’un tiers des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont une co-infection IST/VIH au moment du diagnostic de séropositivité pour le VIH. « L’histoire des IST nous enseigne que cela débute toujours dans des groupes particuliers avant de se répandre dans la population générale », observe le Pr Caumes, qui plaide pour davantage d’actions publiques dans le domaine de la prévention. « Dans les milieux homosexuels, on ne parle plus du tout de préservatifs, on n’évoque plus que la PrEP. Le sida occulte les autres IST. »
Des résistances toujours croissantes
Les résistances aux antibiotiques se développent parmi des germes courants en France, comme l’illustrent les IST, mais aussi les infections urinaires – dont celles à Escherichia coli BLSE (productrices de bêta-lactamase à spectre élargi) augmentent. Les données récentes montrent qu’en 2015, 5 % des E. coli, en France, étaient résistantes à la ceftriaxone. Ces bactéries sont importées par des voyageurs le plus souvent en provenance d’Asie Centrale ou du Sud-Est, qui les hébergent dans leur tube digestif et sont à l’origine de transmissions communautaires ou hospitalières. On assiste par ailleurs au développement d’IST à Mycoplasma genitalium, pour lesquelles il n’y a plus qu’une famille d’antibiotiques active, les fluoroquinolones. En 2015, 5 % des M. genitalium étaient résistants à cette dernière classe d’antibiotiques. Le même problème est en train d’émerger avec les gonocoques.
Enfin, si les tuberculoses multi-résistantes et ultra-résistantes ne sont pas encore très répandues en France, des migrants en provenance d’Europe de l’Est sont atteints de tuberculoses qui sont quasiment au-delà de toute ressource thérapeutique.
Malheureusement, en dehors de la tuberculose pour laquelle de nouveaux antibiotiques sont en développement ou viennent d’être commercialisés (bédaquiline, délamanide), « il n’y a aucune nouvelle molécule dans le pipe-line, remarque le Pr Caumes. La dernière fois qu’une nouvelle famille d’antibiotiques a été développée, c’était les oxazolidinones, il y a une vingtaine d’années. L’industrie pharmaceutique est réticente à financer des recherches dans ce domaine où le retour sur investissement risque d’être faible ».
et aussi en 2017...
> Santé publique France estime la surmortalité liée à la grippe à 21 200 décès en 2015-2016 (contre 18 300 en 2014-2015).
> Entre le 1er janvier et le 31 juillet 2017, 387 cas de rougeole ont été déclarés, et ont été responsables de 154 hospitalisations, deux encéphalites et 31 pneumopathies sévères. Une jeune fille est décédée.
En Grande-Bretagne, la scarlatine est de retour (plus de 19 000 cas en 2016).
> Alors qu’un malade a déposé plainte pour tromperie aggravée et qu’une action en responsabilité civile a été intentée par un groupe de patients contre les laboratoires commercialisant des tests, l’Académie de médecine invite les médecins à « ne pas céder à la facilité du diagnostic de maladie de Lyme chronique ».
Nouvelles recos contre le paludismeSelon le rapport 2017 de l’OMS, la mortalité liée au paludisme continue à baisser dans toutes les régions du monde, à l’exception de la Méditerranée Orientale. « C’est lié à trois raisons, explique le Pr Caumes : le développement des tests de diagnostic rapide (TDR) sur le terrain, la mise à disposition des nouveaux traitements combinés à l’artémisine (ACT) en première ligne et la distribution de moustiquaires imprégnées de perméthrine. Mais on ne sait pas combien de temps cela va durer, car les moustiques deviennent résistants aux dérivés de la perméthrine et des résistances à l’artémisine commencent à apparaître. »
Par ailleurs, les espoirs liés au vaccin contre la dengue s’envolent. Un communiqué de Sanofi déconseille son utilisation chez les personnes jamais infectées auparavant, car il semble associé à la survenue de formes plus sévères dans ces cas.
Le pénuries se succèdent
L’année 2017 restera marquée par l’extension de l’obligation vaccinale à 11 vaccins. Mise en place pour prévenir une éventuelle baisse de couverture vaccinale, cette mesure se heurte régulièrement à des pénuries de vaccins tels que ceux contre le VHA (en pleine épidémie chez les homosexuels), le VHB et la fièvre jaune, et à une tension d’approvisionnement sur les vaccins tétravalents et pentavalents… « C’est invraisemblable, s’indigne le Pr Caumes. Cela crée un décalage entre les discours de communication et la réalité de terrain ». Du coup, les recommandations s’adaptent et le HCSP a publié en février 2017 des avis pour gérer les tensions d’approvisionnement de vaccins contre le VHA et le VHB.
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