Médecine générale : un nouveau référentiel métier pour 2025

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Publié le 11/04/2024
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La 17e édition du Congrès de la médecine générale France (CMGF) a été l’occasion d’ouvrir à la discussion des travaux menés depuis quelques mois par le Collège : la rédaction d’un nouveau référentiel métier.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Face aux délégations de tâches et transferts de compétences actées régulièrement depuis plusieurs années, la médecine générale se met en ordre de bataille. « L’évolution des métiers cristallise aujourd’hui le malaise. Alors que d’autres professions s’emparent successivement de la vaccination, de la réalisation de tests diagnostiques, de certificats de décès ou encore de la prescription d’antibiotiques, certains se demandent quel crime nous avons bien pu commettre, quelle lumière nous avons bien pu voler, et à qui, pour mériter d’être condamnés, tel Prométhée qui se fait dévorer le foie par l’aigle du Caucase, à se faire éternellement manger nos activités par d’autres professions voraces ? », s’est interrogé le Pr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale (CMG), dans son discours d’ouverture du 17e CMGF. Avant de poursuivre : « Nous avons plus que jamais besoin d’un récit politique clair, d’une vision centrée sur les rôles plutôt que sur les activités, qui cadrent de façon logique l’évolution des métiers, qui les fassent tous évoluer, y compris le nôtre, en suivant une ligne consensuelle plutôt que par à-coups erratiques au gré des corporatismes ». Le CMG a ainsi lancé des travaux pour mettre à jour le référentiel métier, citant ceux existants, le dernier étant celui du CNGE publié en 2009. Quinze ans plus tard, « il y a une nécessité de remettre de l’ordre dans l’évolution des métiers », renchérit le président du Collège, qui invite les autres professions du soin primaire à mener des travaux similaires.

Il y a une nécessité de remettre de l’ordre dans l’évolution des métiers

Pr Paul Frappé

 

Des compétences à l’activité

Pour la médecine générale, le Dr Jacques Battistoni, ancien président de MG France, évoque les grandes lignes des travaux menés en lien avec le bureau du CMG : « Nous devons passer d’un référentiel de compétences à un référentiel d’activités, en regardant le cœur de notre métier. Et nous devons inclure des notions qui étaient beaucoup moins présentes il y a une vingtaine d’années : la prévention, l’aller vers, le parcours dans lequel le médecin généraliste doit prendre sa place ». Le Pr Frappé évoque également la nécessité, « sans doute », de distinguer le généraliste traitant du non traitant, avec à chaque fois « ce qu’on attend de lui, de quelle manière, sa pertinence dans le soin… ». Autant de champs que se propose d’aborder le groupe de travail constitué autour du Dr Battistoni avec la Dr Racha Onaisi, généraliste à Reignac (33), cheffe de clinique des universités à Bordeaux et membre du bureau du CNGE, le Dr Guillaume Coindard, généraliste à Athis-Mons (91), sociologue et membre de la SFMG et le Dr Yohan Saynac, généraliste à Pantin.

Redéfinir « qui nous sommes »

À qui se destine ce référentiel ? D’abord aux généralistes. Pour ceux déjà en activité, le groupe de travail entend répondre à la perte de repères constatée en redéfinissant « qui nous sommes et pourquoi nous le faisons », souligne le Dr Battistoni. Il s’adresse aussi aux jeunes médecins, qui sont confrontés à « une absence de vision précise du métier, de son évolution… », note le généraliste, qui entend, à travers ces travaux, leur fournir également une vision prospective. Enfin, dernier destinataire : la population et ses représentants, les élus et le gouvernement. « À un moment, les usagers seront certainement intégrés dans nos travaux », indique par ailleurs le Dr Battistoni. Du côté de la profession, il se félicite de l’accueil reçu au CMGF et de l’enthousiasme de tous : « la nécessité de ce référentiel apparaît comme une évidence ».

Le groupe de travail a déjà entamé la première phase du projet sur la recherche documentaire, à partir de textes réglementaires, de référentiels, de données d’activité des généralistes via des requêtes sur les grandes bases de données comme le SNDS (système national des données de santé), sans oublier des données prospectives, notamment avec les évolutions liées à l’intelligence artificielle. Parallèlement, il prévoit de mener des entretiens avec des personnalités de la santé mais aussi des économistes, des sociologues…, liste le Dr Battistoni. Une conférence de concertation ou des focus groupe pourraient également être organisés, avec toujours en ligne de mire une réflexion sur le métier aujourd’hui et l’ébauche des contours du métier demain. Rendez-vous ensuite au CMGF 2025 pour la présentation du référentiel.

Aurélie Dureuil

Source : Le Quotidien du Médecin