L’enquête EPIPAGE-2 publiée dans le British Medical Journal montre une augmentation de la survie des enfants nés prématurément. Ainsi qu’une amélioration de leur santé, avec en particulier une baisse de moitié des séquelles cérébrales à l’âge de deux ans.
Cette vaste enquête conduite par l’équipe Inserm EPOPé – « Équipe de Recherche en Epidémiologie Obstétricale, Périnatale et Pédiatrique » a inclus au départ, en 2011, plus de 5 500 enfants nés prématurément entre 5 mois et 7 mois et demi de grossesse. Le but était de suivre ces enfants, de connaître leur état de santé, en particulier neuro-moteur et sensoriel, ainsi que leur développement global. Pour cela des questionnaires ont été adressés aux parents et aux médecins (principalement des pédiatres hospitaliers) qui suivent ces enfants. Ainsi, aux âges de 1 et 2 ans, des bilans ont été effectués chez ces enfants domiciliés dans vingt-cinq (« anciennes ») régions de notre territoire.
Deuxième du genre
Cette enquête est la deuxième du genre : les résultats d’EPIPAGE-1 (étude menée dans neuf régions) connus en 1997, ont permis d’établir des comparaisons. « La survie sans séquelles motrices ou sensorielles sévères a augmenté dans toutes les tranches de termes de naissance, en particulier pour les plus immatures. Avant 7 mois de grossesse, elle était de 74,5% en 1997 et de 80,5% en 2011 », indique l’Inserm dans son communiqué. Pour les prématurés modérés (entre 31 et 34 SA révolues), ce taux atteint 97%.
Des avancées à tous les niveaux
Ces résultats ont été obtenus grâce à des progrès réalisés en ante-partum, par exemple pour le suivi des grossesses à risque, mais aussi après la naissance « par une meilleure prise en charge en néonatalogie, explique le Dr Véronique Pierrat, néonatalogiste au CHU de Lille et coauteur de cette enquête. Des progrès ont porté sur les médicaments et leur usage, mais aussi sur la nutrition des prématurés. Les équipes hospitalières sont également plus attentives à l’environnement technique du nouveau-né. Cette technicité est primordiale pour apporter les soins nécessaires, mais elle n’est pas sans conséquence pour l’enfant… »
Faire mieux !
A noter qu’en 20 ans, le nombre d’accouchements prématurés a augmenté pour atteindre aujourd’hui entre 55 000 et 60 000 naissances par an. Et si d’incontestables progrès ont été réalisés ces dernières années, il est nécessaire d’aller plus loin reconnaissent les auteurs de l’enquête.
« Selon les régions, il existe des différences de résultats pour les très grands prématurés, indique le Pr François Goffinet, chef de service de la maternité Port-Royal, AP-HP et coauteur de cette enquête. Les raisons de ces écarts sont nombreuses et complexes, allant de l’organisation des soins dans chaque région… aux pratiques hospitalières. Des enquêtes comme EPIPAGE-2 permettront d’avancer, de mieux comprendre et de trouver des solutions entre tous les acteurs concernés par ces sujets. »
Pour Pierre-Yves Ancel, médecin épidémiologiste et responsable de l’équipe Inserm EPOPé, le suivi des prématurés doit être optimisé : « À l’heure actuelle, 90% des enfants de très grande prématurité sont pris en charge par des réseaux de suivi spécialisé entre 1 et 2 ans. En revanche, les enfants de prématurité modérée bénéficient beaucoup plus rarement d’un tel suivi. Chez eux, les séquelles graves sont très rares, cependant plus d’1/3 présentent des scores de développement faibles. Il est donc important que les professionnels de santé et nos décideurs en santé publique en aient conscience. L’objectif est de se donner les moyens pour dépister au plus tôt ces enfants et leur apporter une prise en charge adaptée. »
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