Fin des épidémies d’infections respiratoires aiguës (IRA), baisse de la couverture vaccinale et bilan positif pour la première année d’utilisation du nirsévimab : tel est le bilan des autorités sanitaires pour la saison hivernale 2023-2024 lors d’une conférence conjointe de la Direction générale de la santé (DGS), de Santé publique France (SPF) et de la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam).
Les experts ont ainsi annoncé la fin de l’épidémie de bronchiolite (à l’exception de Mayotte) et la fin de l’épidémie de Covid, et se positionnent avec prudence sur une fin prochaine d’épidémie de grippe malgré des indicateurs encore élevés (48,6 % de prélèvements respiratoires positifs en ville et 14,9 % à l’hôpital en semaine 7 selon le bulletin IRA de SPF du 21 février 2024). Des chiffres similaires aux années précédentes. Côté variants, sont majoritaires les souches H1N1 et H3N2 pour la grippe A, et la souche JN.1 pour le Covid-19 (82 % des variants circulants en France et à l’international).
Moins de tout-petits hospitalisés pour bronchiolite
Cette année, un nombre inhabituel d’infections à Mycoplasma pneumoniae sont apparus fin 2023, chez les enfants de 6 à 14 ans et les jeunes adultes jusqu’à 44 ans. « Un phénomène marqué par l’augmentation de recours aux soins pour pneumopathie en ville et à l’hôpital », détaille Laëtitia Huiart de SPF, qui cite notamment l’utilisation de tests PCR comme facteur influant sur le niveau de cas déclarés très supérieur.
Concernant la bronchiolite, la tendance et la durée de l’épidémie sont comparables aux années précédentes, « mais, chez les tout-petits de moins de 3 mois, un nombre de cas hospitalisés et d’admission en soins intensifs à la baisse reflète les changements de pratique de cette saison », ajoute la directrice scientifique. Deux travaux sont attendus sur l’efficacité du nirsévimab (Beyfortus, Sanofi). « Un premier sur les cas graves de bronchiolite à virus respiratoire syncytial (VRS) dans les services de soins intensifs et un deuxième sur la réduction des hospitalisations, dont les résultats préliminaires s’accordent avec la littérature, avec 70 à 80 % d’efficacité », conclut-elle.
Une couverture vaccinale en baisse
Le Dr Dominique Martin, médecin-conseil national à la Cnam, a ensuite rendu les premiers chiffres de la couverture vaccinale antigrippale à la baisse (8 156 182 doses cette saison contre 8 463 769 en 2022-2023). « Ces chiffres ne comprennent pas les données sur les personnes ne bénéficiant pas d’un remboursement, ni sur les personnes à risque ayant obtenu des bons de vaccination gratuite par leur pharmacien », commente le Dr Dominique Martin. Parmi ces doses, 59 % des injections ont été réalisées en officine (contre 52 % l’année passée).
La couverture vaccinale antigrippale est estimée à 45,9 % chez les sujets à risque, à 24,45 % pour les moins de 65 ans et 52,7 % pour les plus de 65 ans. Des indicateurs en baisse par rapport à l’année dernière (entre 2 et 5,5 points).
La place future du nirsévimab dans la prise en charge préventive
La Pr Christèle Gras-Le Guen, cheffe du service de pédiatrie générale et des urgences pédiatriques du CHU de Nantes, a livré ensuite un retour de terrain sur l’introduction du nirsévimab en traitement d’immunisation. « En 2022-2023, nous avons connu un afflux massif d’enfants infectés, en libéral comme aux urgences, avec une saturation des moyens de soins critiques », rappelle-t-elle. Mais cette année, deux facteurs ont complètement redistribué les cartes. « L’épidémie de cet hiver a été très différente, avec des mesures barrières reprécisées en amont de l’épidémie et surtout personnalisées pour les tout-petits », rapporte la Pr Gras-Le Guen, ancienne présidente de la Société française de pédiatrie.
« Cela a été l’occasion d’informer les parents sur le nirsévimab disponible dès le 15 septembre 2023 en maternité, et pour lequel nous avons eu une adhésion historique avec, selon les estimations, 80-85 % d’acceptation de ce produit, pourtant nouveau. Dans un pays vaccinosceptique, c’était une surprise positive », précise la pédiatre. Un succès qui s’était d’ailleurs traduit par des difficultés d’approvisionnement.
La Haute Autorité de santé doit rendre le rapport du service médical rendu (SMR) en juin 2024 pour le Beyfortus, administré à près de 250 000 nourrissons dans les maternités. « Le nombre de doses à commander sera déterminé en fonction des taux d’adhésion – cela pourrait représenter 600 000 doses – ainsi que sa place dans l’arsenal préventif, un vaccin pour les femmes enceintes étant actuellement évalué par les autorités de santé », indique le Dr Grégory Emery, Directeur général de la santé, ajoutant qu’au niveau national, des doses de Beyfortus sont sécurisées.
Enfin, a été rappelé le lancement d’une campagne de rappel Covid-19, selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), du 15 avril 2024 au 16 juin 2024, pour trois catégories d’individus à risque : les plus de 80 ans, les résidents d’Ehpad et les immunodéprimés quel que soit leur âge.
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