?Malgré l’essor des techniques chirurgicales épargnant les nerfs caverneux, la prostatectomie reste une intervention « à risque » pour la fonction érectile, des lésions minimes pouvant provoquer une inflammation responsable à des degrés divers d’une dysfonction érectile (DE), de façon temporaire ou non. « Après prostatectomie, seulement 22% des hommes retrouvent spontanément leur fonction érectile antérieure, et 4% au-delà de 60 ans, indique le Dr Maarten Albersen (Belgique). Il faut intervenir précocement, pendant la régénération nerveuse, avant la destructions des cellules musculaires lisses. »
De nombreuses études animales ont montré le bénéfice d’un traitement précoce par IPDE5 sur les cellules musculaires lisses des corps caverneux. Chez l’homme, « l’utilisation de drogues pro-érectiles est importante dans la récupération de la fonction érectile post-opératoire et plusieurs essais ont montré des taux de récupération plus élevé chez les patients recevant un traitement de façon précoce », indiquent les toutes récentes recommandation de l’EAU sur la prise en charge des troubles sexuels masculins. A ce titre, « les IPDE5 sont les médicaments oraux de première ligne chez les patients ayant subi une prostatectomie radicale avec préservation nerveuse », précisent les experts. à l’avenir, la régénération nerveuse pourrait être améliorée par l’injection de facteurs neurotrophiques ou de cellules souches. Les dernières études menées chez le rat montrent avec ces dernières une amélioration de la fonction érectile. Des essais sont actuellement menés chez l’homme pour évaluer leur devenir et déterminer le meilleur site d’injection.
Autre facteur de DE et de baisse du désir : l’hypotestostéronémie, dont il est difficile de savoir parfois « si elle est physiologiquement liée à l’âge ou si elle est pathologique et associée aux maladies liées à l’âge, cardio-vasculaires, tumorales, cognitives, ostéoporotiques », souligne le Pr Stefan Arver (Suède). Ce qui sous-tend la question « faut-il traiter et qui traiter ? ». La sécurité d’emploi de la testostérone a été remise en cause dans trois essais récents dont la méthodologie, les indications et les doses utilisées étaient toutefois discutables, estiment certains urologues.
Une des études pointait, par exemple, une augmentation de la morbi-mortalité cardiovasculaire mais cela pourrait en fait être lié davantage à la reprise de l’activité physique découlant de l’efficacité du traitement sur la force musculaire et la marche qu’à un impact direct de la testostérone sur le cœur. Autre point épineux, la relation entre testostérone et cancer de la prostate. « Il semble exister un seuil relativement bas de 100 à 150 ng/l au-delà duquel la croissance tumorale est stimulée. Traiter en dessous pourrait améliorer les symptômes liés à la carence hormonale sans effet sur le cancer, mais on a peu de données et la testostérone reste contre-indiqué en cas de cancer de la prostate suspecté ou connu », insiste le Pr Jens Sonksen (Danemark).
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