La direction générale de la santé (DGS) et la direction générale de l’énergie et du climat ont saisi l’Agence pour réaliser une expertise relative aux normes de la qualité de l’air ambiant notamment en ce qui concerne les particules fines (PM 10 et PM 2,5), le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2) ou encore l’ozone (O3). L’Anses vient de publier un avis où elle insiste sur la poursuite des efforts afin de réduire la pollution atmosphérique et émet également des recommandations sur l’évolution potentielle des valeurs réglementaires pour chacun des polluants.
Constats et préconisations de l’Anses
Les « normes de qualité de l’air ambiant » sont les valeurs mises en place par la réglementation française pour plusieurs polluants atmosphériques suite aux directives européennes adoptées depuis 1996 afin de réduire les effets indésirables de ces polluants sur la santé humaine. Pour l’Agence la pollution atmosphérique est « un enjeu majeur de santé publique »; elle recommande donc d’envisager l’adoption de valeurs limites d’exposition plus protectrices que celles actuelles pour les particules fines car une diminution de leur concentration dans l’air conduirait à un bénéfice sanitaire. Cette ambition devra nécessairement être portée au niveau de la Commission européenne étant donné que les normes en vigueur sont issues de la réglementation européenne. Il faudrait estimer une norme visant à prévenir les effets à court terme pour les particules PM 2,5 et la valeur limite de 50 µm-3 en moyenne journalière a été proposée pour les particules PM 10. Il serait aussi préférable de conserver « des seuils d’information et d’alerte » pour l’ozone, les particules PM 10 ou les dioxydes de soufre et d’azote compte tenu des effets sanitaires à court terme de l’intérêt que cela représente « pour les populations sensibles identifiées ».
Par ailleurs, l’Anses préconise de simplifier les réglementations car les objectifs de qualité de l’air sont peu connus du public et peu visibles dans la communication institutionnelle. L’Agence suggère notamment de faire des valeurs avancées par l’OMS les objectifs à atteindre sur le long terme. Ainsi, les seuils d’alerte relatifs à l’ozone de 300 et 360 µg.m-3 pourraient être supprimés et seul celui de 240 µg.m-3 conservés. Enfin, des travaux complémentaires mériteraient d’être réalisées, selon l’Agence, afin d’évaluer « l’efficacité de l’action publique dans la lutte contre la pollution ».
Stress et pollution : l’alliance qui multiplie le risque d’asthme
D’autre part, une étude dirigée par le Dr Alison Lee de La Icahn School of Medicine at Mount Sinai (New York) s’est penchée sur l’interaction de certains facteurs environnementaux et la santé respiratoire. Plus précisément ils ont regardé les effets additionnés du stress et de l’exposition à la pollution atmosphérique des femmes enceintes sur leurs progénitures. Pour cela, la chercheuse et ses collègues ont analysé l’exposition quotidienne de 736 femmes enceintes aux particules émises par le trafic routier et les émissions industrielles. Ils ont aussi estimé le niveau de stress de la future mère via des sondages basés sur la survenue d’évènements négatifs, car les femmes en déclarant le plus grand nombre devraient être davantage sujettes au stress. Les enfants nés à terme ont ensuite été suivis jusqu’à l’âge de 6 ans.
La plupart des femmes sélectionnées pour participer à l’étude appartenaient à une minorité ethnique (il s’agissait majoritairement d’Afro-Américaines ou d’Hispano-Américaines). « Nous savons par des recherches antérieures que les populations urbaines appartenant à des minorités ethniques et à faible revenu sont plus touchées par l’asthme ou par d’autres problèmes respiratoires », explique le Dr Lee. « Étant donné que les populations exposées de façon disproportionnée à la pollution de l'air ambiant sont plus susceptibles d'être aussi exposées à des facteurs de stress sociaux tels que la contrainte financière, la discrimination, les difficultés de logement et la criminalité ou la violence, nous avons été particulièrement intéressés par les effets combinés de ces deux facteurs dès le développement précoce, et même pendant la grossesse », souligne-t-elle.
Les résultats sont sans équivoques : si les scientifiques ont observé une association entre une exposition aux particules au deuxième trimestre et la survenue d’asthme chez les enfants, des analyses approfondies démontrent que ce sont les garçons dont les mères ont rapporté un niveau élevé de stress et qui étaient les plus exposés à ce type de pollution qui étaient les plus affectés.
« Nos données sont les premières à démontrer que quand les deux facteurs s’accumulent, l’effet est multiplié », affirme le Dr lee. S’il n’est pas très clair encore sur les différences de genres observées, les spécialistes présument que cela pourrait être lié au fait que les poumons des garçons deviennent matures plus tard par rapport à ceux des filles. « Ceci, conjugué au risque accru pour les fœtus mâles de souffrir de certaines agressions, comme le stress oxydatif, peut augmenter le risque de maladie respiratoire lorsque la co-exposition à la pollution de l'air et au stress se produit pendant la période prénatale ».
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