L’érythropoïétine ou EPO, bien connue pour optimiser les performances sportives, pourrait également améliorer les fonctions cognitives chez les personnes atteintes de troubles unipolaires ou bipolaires. C’est en tout cas ce que semble indiquer une étude danoise présentée le 18 septembre au congrès du collège européen de neuropsychopharmacologie (ENCP) à Vienne.
Lors de deux essais cliniques randomisés, les chercheurs du centre psychiatrique de Copenhague ont évalué les fonctions cognitives de 79 patients souffrant de troubles unipolaires ou bipolaires. Ils ont traité 40 d’entre eux avec de l’EPO durant 9 semaines alors que les 39 autres sont restés sous placebo. Les scientifiques ont fait passer aux participants des tests neuropsychologiques pour estimer leurs capacités cognitives et leur ont donné des questionnaires concernant leurs facultés comme leur qualité de vie et leur situation socioprofessionnelle. Ce processus a été répété trois fois : au début de l’expérience (la première semaine), après les 9 semaines de traitements et enfin après 14 semaines de suivi.
Des effets bénéfiques pour les performances cognitives
Les résultats montrent que l’EPO a des effets bénéfiques sur les performances des patients lors des tests en particulier ceux de mémorisation, sur la capacité de planification et sur la durée d’attention. « Les patients sous traitement ont montré une amélioration de leurs fonctions cognitives par rapport à leur niveau de départ 5 fois supérieure à ceux sous placebo », indique le Dr Kamilla Miskowiak qui a dirigé les travaux. En effet, les individus sous EPO voient leurs capacités augmenter de 11 % alors que cette hausse se chiffre à seulement 2 % chez la population contrôle. Ces gains cognitifs subsistent chez les personnes au moins 6 semaines après la fin du traitement (ce qui correspond à l’arrêt du suivi de l’essai clinique).
Selon l’OMS, à l’heure actuelle, 350 millions de personnes souffrent de dépression et 60 millions de troubles bipolaires. Parmi eux, 70 % des patients en rémission suite à des troubles bipolaires et 40 % après une dépression ont toujours des problèmes cognitifs. La plupart des médicaments ont une efficacité modeste pour résoudre ces altérations. L’érythropoïétine demeurant essentielle pour la production des érythrocytes est d’ores et déjà utilisée pour traiter l’anémie. « On a déjà beaucoup d’informations sur sa sûreté », argue le Dr Miskowiak. « Même si l’EPO est généralement sûre si les taux de globules rouges des patients sont contrôlés régulièrement, pour certains d’entre eux le risque de caillots sanguins est trop important », poursuit-elle. C’est le cas pour les fumeurs ou les patients avec des antécédents de caillots sanguins. Certes, ces résultats sont prometteurs mais d’autres études doivent être réalisées sur le sujet. L’EPO n’est pas prête à être employée comme traitement en tant que tel et elle ne sera sans doute pas souhaitable pour tous les malades.
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