Lévothyrox®, Ascabiol® ou encore, plus récemment, Vogalène®. De plus en plus de médicaments se retrouvent en rupture de stock. Un phénomène inquiétant confirmé par les derniers bilans de l’Agence du médicament. L’ANSM a en effet enregistré une hausse des ruptures au cours de ces dernières années : 44 en 2008, 173 en 2012 et plus de 200 en 2013. Nathalie Le Meur, présidente du groupe ruptures d’approvisionnement au Leem, estime le taux de rupture à 5 % tout en soulignant que, « dans 95 % des cas, la chaîne de production marche bien » et que les médicaments sont donc disponibles en pharmacie le jour même.
28 % des ruptures concernent des médicaments indispensables
Dans un souci de transparence et afin de découvrir les causes à l’origine du problème, les industriels du médicament (Leem) ont mené l’enquête auprès de 90 laboratoires pharmaceutiques ayant déclaré au moins une rupture de stock auprès de l’ANSM entre septembre 2012 et octobre 2013. Il s’avère que ces ruptures ont concerné dans 28 % des cas des médicaments indispensables. Toutes les classes thérapeutiques sont touchées à commencer par les traitements hormonaux qui constituent un tiers (33 %) des médicaments ayant subi des ruptures. Celles-ci concernent un peu plus les médicaments dispensés à l’hôpital (32 %) mais la ville est également touchée (27 %).
La production à l’étranger parmi les causes de rupture de stock
L’enquête du Leem lève aussi un coin du voile sur les causes de ces ruptures de stock ? Selon le Leem, « l’externalisation de la production des matières premières à usage pharmaceutique » serait une des causes principales. On estime que 60 à 80 % de ces matières sont fabriquées à ce jour hors de l’Union européenne, essentiellement en Chine, en Inde et dans l’État d’Israël. Une proportion qui n’était que de 20 % il y a 30 ans. Cependant, d’autres facteurs peuvent également influer sur le phénomène, comme, par exemple, l’augmentation de la demande venant des pays émergents.
Le circuit de distribution en cause dans les ruptures d’approvisionnement
Quant aux ruptures d’approvisionnement, c’est-à-dire l’indisponibilité d’un médicament sous 72 heures, elles découlent d’une défaillance d’un ou plusieurs maillons de la chaîne de distribution du médicament. À noter que le circuit de distribution en officine est largement dépendant des grossistes répartiteurs, ce qui n’est pas le cas de l’hôpital. Certaines pratiques, comme, par exemple, la création de réserves de précaution à l’annonce d’une possible rupture ou d’une augmentation des prix, sont susceptibles d’entraîner une rupture d’approvisionnement d’un médicament. Enfin, l’exigence "zéro défaut" fait qu’un défaut de qualité dans un lot de plusieurs centaines de milliers de boîtes peut paralyser la chaîne de production du médicament.
Économies sur le médicament = plus de ruptures ?
Suer le sujet, le Leem n’est pas plus rassurant que ça. Selon le directeur général du Leem Philippe Lamoureux, le phénomène pourrait toutefois s’amplifier dans les années à venir, suite au plan d'économies sur le médicament - 3,5 milliards sur trois ans - annoncé fin avril par le gouvernement. Le patron du Leem estime en effet que « la baisse des prix fragilise la chaîne d’approvisionnement ». La France « organise de façon extrêmement méthodique la contraction et le repli de son marché, avec des prix qui sont aujourd'hui les plus bas des cinq grands marchés européens », regrette-t-il. La semaine dernière, le Leem a décidé de suspendre sa participation aux travaux du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) et du Comité stratégique de filière des industries de santé (CSF-ITS) pour faire pression sur le gouvernement à ce sujet.
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