Brève

Un futur (un)certain

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Publié le 21/11/2016
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Le diabète est-il le laboratoire de l’industrie pharma ? Cette maladie a toujours été au cœur d’expérimentations. Elle a été l’un des premiers terrains de jeu pour l’éducation thérapeutique qui s’est imposée comme un concept moteur de la nouvelle médecine. La génétique y a déployé ses instruments pour découvrir des gènes de prédisposition. Plus tard, elle s’est imposée comme l’exemple type des pathologies chroniques qualifiée d’épidémie silencieuse mondialisée. En dépit de ces avancées, le modèle vacille. Et les frontières s’estompent dans le champ thérapeutique entre médicaments et dispositifs médicaux. Exemple, les traitements reposent encore aujourd’hui sur des médicaments produits par l’industrie pharma. Mais ce mode de production dominé par la big pharma de type Sanofi ou l’entreprise spécialisée dans un domaine thérapeutique à l’image de NovoNordisk est en train d’éclater. Le cours du laboratoire danois a immédiatement fléchi à l’annonce de performances à venir moins brillantes qu’attendues. Quant au leader français, sa division diabète depuis la perte de brevet de Lantus suscite l’inquiétude des investisseurs. Sur le front du dispositif médical, les positions sont également loin d’être figées. Bayer en 2015 s’était délesté de ses lecteurs de glycémie et autres bandelettes réactives au profit de Panasonic pour plus d’un milliard d’euros. L’innovation se déporte en effet désormais vers le secteur des medtechs au détriment de l’indutsrie pharma. Dans la course de vitesse pour la mise sur le marché d’un pancréas artificiel de nouvelle génération, Medtronic a obtenu récemment une AMM. Dans ce contexte, l’ubérisation de la pharma dans le diabète est-elle inévitable, comme l’a titré la Tribune récemment ? Peut-être pas. Simplement, l’obsolescence des organisations s’accélère. Et chacun est à la recherche de la martingale gagnante. Faut-il s’allier avec ceux qui mènent la révolution digitale en cours ? Sanofi dans le diabète, on le sait, s’est allié avec une filiale de Google. Quant à Medtronic, il coopère avec IBM et Watson pour optimiser la prise en charge des traitements du diabète. Mais à la fin, ces partenariats seront-ils gagnants-gagnants pour les deux signataires ? Ou comme l’Allemagne dans le foot, c’est toujours l’entreprise digitale qui gagne ? L’Histoire n’est pas encore écrite. Mais ses conclusions s’imposeront sans nul doute dans d’autres maladies que le diabète, là où s’écrit un (un)certain futur.


Source : lequotidiendumedecin.fr