Les personnes porteuses d'un variant génétique particulier du système HLA ont deux fois plus de chance de ne pas être symptomatiques en cas d'infection par le Covid-19, indique une étude publiée dans « Nature ». Constat marquant, il s'agit d'un variant fréquent du système HLA retrouvé dans environ 10 % de la population, appelé HLA-B*15:01.
Les personnes dotées de deux copies de ce variant ont même huit fois plus de chance d'être asymptomatiques, révèle également l'équipe australo-américaine dirigée par la Pr Jill Hollenbach (Institut Weill pour les neurosciences à l'Université de Californie).
Des recherches antérieures avaient montré qu'au moins 20 % des millions de personnes infectées pendant la pandémie ne présentaient pas de symptômes. Pour comprendre ce phénomène, l'équipe a utilisé une base de données de donneurs volontaires de moelle osseuse aux États-Unis, « une opportunité unique » pour étudier les caractéristiques des antigènes leucocytaires humains associées à une clairance virale rapide.
Les chercheurs ont demandé à près de 30 000 personnes du registre d'autodéclarer leurs tests et symptômes Covid sur une application pour téléphone mobile. Au sein de ce groupe, plus de 1 400 personnes non vaccinées ont été testées positives au Covid entre février 2020 et fin avril 2021.
Parmi elles, 136 n'ont rapporté aucun symptôme du Covid au moins deux semaines avant et après avoir été testées positives. Au total, une sur cinq de ces personnes asymptomatiques (20 %) était porteuse d'au moins une copie du variant HLA-B*15:01.
Immunité préexistante due aux coronavirus saisonniers
Pour comprendre comment ce variant est protecteur, l'équipe a mené des recherches distinctes sur les cellules T, partant de l'hypothèse que l'association génétique est due à l'immunité préexistante, c'est-à-dire à la mémoire des virus précédemment rencontrés.
Les scientifiques ont ainsi montré à partir d'échantillons sanguins prélevés avant la pandémie que les lymphocytes T des porteurs d'HLA-B*15:01 étaient très réactifs à un peptide du Sars-CoV-2 (peptide NQKLIANQF), très proche d'un peptide de coronavirus saisonniers. Cette réaction croisée avec les virus saisonniers a été confirmée par l'analyse structurelle des complexes peptides/variant HLA-B*15:01 et la capacité des premiers à être stabilisés et présentés par le variant.
Une exposition récente au rhume et à d'autres coronavirus pourrait ainsi entraîner moins de symptômes de Covid : cette théorie a déjà été avancée pour expliquer pourquoi les enfants ont souvent été épargnés des pires symptômes du Covid. Les chercheurs espèrent que cette étude pourra déboucher sur de nouveaux traitements ou vaccins à l'avenir.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce