Près de 20 % de la population adulte souffrent de migraine, environ trois femmes pour un homme. Ces dernières années, des innovations thérapeutiques majeures ont vu le jour. La 3e édition du Sommet francophone de la migraine*, qui se tiendra le 9 septembre avec accès en digital, sera l'occasion d'apporter des connaissances pour aider les patients à mieux vivre avec cette pathologie.
Maladie neurologique, la migraine présente un déterminisme génétique. Par ailleurs, les migraineux fabriquent moins de sérotonine, trop de glutamate et trop de CGRP. Cette protéine dilate les artères des méninges mais elle est surtout algogène. « En bloquant le CGRP grâce aux anticorps ciblés (disponibles depuis 2019), on effondre les symptômes de la crise ou de la maladie migraineuse », souligne le Dr Christian Lucas, président de la Société française d’étude des migraines et céphalées.
Non-remboursement de la toxine botulique, des anti-CGRP et gépants
Comme la toxine botulique de type A, les anticorps monoclonaux anti-CGRP sont des traitements de fond. Mais ils peuvent être aussi utilisés dans la migraine épisodique à haute fréquence (plus de 8 jours de migraine par mois) ou dans la migraine chronique (plus de 15 jours de maux de tête par mois dont, au moins, 8 crises de migraine) après échec de deux traitements bien conduits. Les anti-CGRP réduisent de 50 % à 75 % le nombre de crises migraineuses et diminuent l'intensité des crises résiduelles. « Or ces médicaments sont remboursés dans 23 pays européens mais pas en France : ils coûtent entre 245 et 270 euros par mois », déplore le Dr Lucas
De nouveaux médicaments - sous forme de comprimés - devraient arriver sur le marché français : il s'agit des gépants (antagonistes du récepteur du CGRP). Ces derniers disposent d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) : deux d'entre eux seront disponibles en France avant la fin de l'année. « Certains seront indiqués en traitement de crise, d'autres en traitement de fond et certains auront la double indication. En traitement de crise, ils seront indiqués chez les patients non répondeurs aux triptans ou chez qui ces derniers sont contre-indiqués, pour les patients à risque vasculaire et/ou âgés », explique le neurologue au CHU de Lille.
Or, là encore, les gépants ne seront pas remboursés en France. « Les essais thérapeutiques que la Haute Autorité de santé nous demande de mener pour prétendre au remboursement (médicaments classiques versus nouvelles molécules) ne sont pas éthiques pour les patients en échec de traitement », regrette-t-il.
La recherche en ébullition
Les patients non répondeurs aux anti-CGRP pourraient, à l'avenir, bénéficier de biothérapies ciblées : les anticorps monoclonaux anti-Pacap. Petit neuropeptide impliqué dans la migraine, le Pacap est surtout présent dans le tronc cérébral. « Actuellement, les anti-Pacap sont en phase de développement », précise le Dr Lucas.
D'autres voies d'avenir sont à l'étude, notamment les canaux potassiques impliqués dans la migraine. Il existe, en effet, des interactions entre les neurones, les artères et les vaisseaux. « Une cellule, c'est comme une pile électrique avec des canaux. Quand on injecte une molécule, la levkromakalim, chez les migraineux, une crise survient dans l'heure qui suit. Cette observation est à l'origine de pistes de recherche », indique le Dr Lucas.
Enfin, dans certaines familles de migraineux avec aura visuelle, il existe des mutations génétiques des canaux potassiques (mutations Tresk). « À l'avenir, les chercheurs sauront si ces mutations existent aussi chez les migraineux sans aura (80 % des patients) pour développer de nouveaux médicaments », conclut le Dr Lucas.
* Le 3e Sommet francophone de la migraine abordera les symptômes vestibulaires, les techniques de relaxation et la recherche. Gratuit et en direct, le 9 septembre, à 16h, sur YouTube et les réseaux sociaux de « La voix des migraineux ».
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce