La situation sanitaire s'est considérablement dégradée ces dernières semaines en région PACA et plus précisément dans les Bouches-du-Rhône. Le rebond de l'épidémie de Covid-19 frappe tout particulièrement la ville de Marseille. Le ministre de la Santé a d'ailleurs évoqué, jeudi soir, que le seuil d'alerte de 50 cas pour 100 000 habitants avait été très largement dépassé de « près de 6 fois » (279 cas pour 100 000 habitants). La forte hausse du nombre de patients admis en réanimation dans les hôpitaux marseillais inquiète les autorités. « Les choses sont allées très vite, il y a eu un coup d'accélérateur très franc la semaine dernière », déclarait le Pr Dominique Rossi, président de la commission médicale d'établissement (CME) de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) lors d'une conférence de presse mercredi 9 septembre.
Plus de consultations... et de questions
Cette progression de l'épidémie n'est pas sans conséquence sur l'activité des médecins de famille de la cité phocéenne. « Nous observons une hausse des consultations en lien avec le Covid-19, explique le Dr Laurent Saccomano, président de l'URPS des médecins libéraux de Paca. Il ne s'agit pas seulement de prises en charge de patients Covid mais surtout de demandes administratives, de certificats médicaux pour aller à l'école, pour pouvoir retourner au travail ou au contraire pour ne pas y aller car le patient a été en contact d'un patient Covid. Tout cela surcharge les médecins et représente une pression phénoménale. » Les médecins généralistes de Marseille, comme dans beaucoup d'autres villes de l'Hexagone, doivent également gérer la problématique de l'accès aux tests. « Des patients avec des symptômes ne peuvent pas avoir un rendez-vous avant cinq jours, souligne le Dr Saccomano, angiologue dans les Alpes-Maritimes. Les labos font ce qu'ils peuvent pour favoriser les tests mais doivent recevoir tout le monde ! »
Généraliste à Marseille, le Dr Rémy Sebbah confirme que la tension est bien montée ces derniers jours. Il dit passer énormément de temps au téléphone pour répondre aux sollicitations. « Nous enregistrons une recrudescence d'appels, observe-t-il. "je suis un cas contact avec un patient Covid, que dois-je faire ? est la question qui revient le plus souvent. Des gens nous demandent aussi des avis. Il y a beaucoup d'inquiétudes, que nous essayons de calmer. » Le médecin dit s'appuyer sur son arbre de décision qu'il applique à la lettre. « J'ai des symptômes et je suis malade, je m'isole - J'ai été en contact avec une personne testée Covid+, je m'isole et 7 jours après je fais le test ». Le médecin a fait hospitaliser il y a quelques jours une personne âgée qui avait des difficultées respiratoires et se trouve maintenant en réa.
Faire appliquer les recos par les écoles et les employeurs
Généraliste à Vitrolles, à 25 kilomètres de Marseille, le Dr Florence Zemour a aussi enregistré une forte hausse d'activité ces 15 derniers jours. « Du fait de la pression des écoles et des employeurs, nous sommes très sollicités, explique-t-elle. Nous avons une surconsultation pour des viroses, le nez qui coule, des gens qui toussent depuis moins de 12 heures ou ont un peu de fièvre, bref des personnes qui ne seraient pas forcément venues nous voir en temps normal. » La généraliste a d'ailleurs relancé son activité de téléconsultation pour prendre en charge les cas de Covid ou répondre aux nombreuses questions en lien avec le virus. Le Dr Zemour appréhende les prochains jours. « On est assez inquiets car on redoute le pire, la charge de travail ne va pas diminuer. On ne voit pas de cas graves à domicile, on voit surtout des malades avec des formes légères ou des cas asymptomatiques mais ça peut dégénérer. »
La généraliste déplore que les recommandations ne soient pas strictement appliquées par l'Education nationale et les employeurs qui demandent des test négatifs pour retour au travail. « Tout le monde se réfugie derrière le médecin », analyse-t-elle. De même, le Dr Zemour souhaiterait que le ministère revoie sa stratégie de dépistage et que les tests soient accessibles aux seuls patients disposant d'une prescription médicale. Certes, cela pourrait entraîner aussi un grand nombre de consultations mais « on ne testerait que les gens qui en ont besoin ».
Des mesures préfectorales jugées cosmétiques
En début de semaine, le préfet des Bouches-du-Rhône a pris de nouvelles mesures pour tenter d'endiguer la progression de l'épidémie. Le port du masque a été rendu obligatoire dans 27 communes, les bars fermeront plus tôt et les rassemblements privés limités à 10 personnes de même que sur les plages et les parcs.
Ces mesures sont jugées « superfétatoires » par le Dr Saccomano. « Fermer les plages à 20h et les bars à minuit trente, c'est de l'affichage, estime le médecin. Maintenant, nous avons des masques, appliquons les gestes barrières et protégeons les personnes à risque, avance-t-il. Il nous faut apprendre à vivre avec ce virus. »
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