Les enfants en bas âge gardés dans les crèches ne semblent pas contribuer fortement à la diffusion du SARS-CoV-2. C’est ce que suggèrent, conformément aux conclusions de plusieurs autre études, les résultats d’une enquête publiés par Santé Publique France dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 24 septembre 2020.
Conduite au sein de deux crèches de Seine-Saint-Denis ayant accueilli pendant le confinement des enfants de soignants, cette investigation baptisée « Transeps » visait à déterminer si les enfants avaient pu transmettre ou non le virus de leurs parents aux puériculteurs. Et ce afin d’évaluer l’intérêt de la fermeture des structures de garde collective. « À l’heure où une résurgence épidémique en France métropolitaine est considérée comme probable, il paraît urgent de déterminer si ces fermetures sont nécessaires à la gestion de l’épidémie », soulignent les auteurs de l’enquête.
Au total, alors qu’on aurait pu s’attendre à ce que les parents soignants soient massivement infectés par le coronavirus sur leur lieu de travail, qu’ils transmettent ce virus à leurs enfants et que ces derniers contaminent à leur tour les professionnels des crèches, il semble qu'il n'en soit rien.
Les puériculteurs plus touchés que les parents
En effet, contrairement à ce qu’avaient prévu les auteurs de l’enquête, les soignants ont moins attrapé le coronavirus que les puériculteurs, qui n’avaient par ailleurs pas eu de contacts avec eux : « le taux d’attaque était de 11,5 % dans la population de soignants hospitaliers et de 17,4 % parmi les professionnels des crèches », indiquent-t-ils.
Une épidémie de covid-19 est certes survenue parmi les adultes d’une des deux crèches. Mais elle n’a affecté ni « les parents des enfants gardés sur la période », ni « la population, plus large, de l’ensemble des parents dont les enfants avaient été confiés à cette crèche ». De même, si dans l’autre crèche, trois professionnels ont été infectés, aucun « n’avait [préalablement] pris en charge l’enfant d’un soignant séropositif », et surtout, aucun des parents n’a par la suite développé d’anticorps anti-SARS-CoV-2. Les enfants gardés au sein de ces deux structures n’ont donc pas transmis le virus des puériculteurs à leurs parents.
L'environnement de travail incriminé
Si ces résultats suggèrent que les enfants en bas âge ne sont pas des vecteurs importants du SARS-CoV-2, voire constituent une « impasse épidémiologique » pour ce coronavirus, ils pointent le rôle des interactions entre collègues dans la propagation du virus… et l’impact de l’environnement de travail sur l’émergence d’épidémies en milieu professionnel. « La plupart des contacts identifiés comme possiblement infectants étaient survenus […] le plus souvent dans les salles de repos, souvent de petite taille, dénuées de fenêtre ou mal aérées (ouvertures bloquées pour des motifs de sécurité) », insistent les auteurs de l’enquête.
Finalement, si cette investigation suggère bien l’importance du respect des gestes barrière par les adultes, elle laisse penser qu’une nouvelle fermeture des structures accueillant des enfants en cas de reprise de l’épidémie ne serait pas justifiée.
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