Un microscope pour parcourir la peau du patient, in vivo, à la recherche d’un mélanome ou d’un carcinome basocellulaire. La promesse lancée en 2014 par Damae Medical prend forme dans les cabinets des dermatologues.
Fruit de 15 ans de recherche académique menée au laboratoire Charles Fabry – unité de recherche du CNRS, de l’institut d’optique et de Paris-Saclay – la machine de dépistage des cancers cutanés repose sur la tomographie par cohérence optique confocale à balayage linéaire (LC-OCT). « Au lieu d’envoyer des ondes sonores, comme pour l’échographie, notre technologie envoie des ondes lumineuses qui permettent de visualiser en profondeur les cellules de la peau, jusqu’au derme », résume Anaïs Barut, cofondatrice, rencontrée dans les allées du salon Viva Tech, grand raout de l’innovation, à Paris. À peine plus grande qu’une sonde d’échographie, le dispositif – baptisé deepLive – envoie ces ondes lumineuses directement sur la surface de la peau du patient : sur le chariot face au praticien, couche cornée, kératinocytes, noyau de l’épiderme, fibre de collagène ou vaisseau sanguins s’affichent en direct et en 3D.
L'IA en renfort
« Le dermatologue peut repérer des cancers mais aussi des lésions précancéreuses ou des kératoses actiniques, de manière précoce, mais surtout sans biopsie », avance Anaïs Barut. Le microscope lumineux intègre des algorithmes d’aide au diagnostic, basés sur l’intelligence artificielle. « L’écran affiche par exemple un taux de risque de carcinome », ajoute la cofondatrice de la medtech. Le système est complété par un logiciel d’analyse quantitative qui permet de segmenter les structures de la peau, avant et après les traitements, « pour observer par exemple l’évolution du nombre de kératinocytes ou si, en cas de lésions survascularisées, les vaisseaux sanguins ont diminué », illustre Anaïs Barut.
Conviée au Congrès de l'association européenne de dermato-oncologie en avril dernier, la start-up française a présenté ses premiers résultats cliniques qui montrent « la très forte supériorité du dispositif deepLive par rapport aux méthodes standard ». 303 carcinomes basocellulaires ont été analysés, révélant une précision diagnostique de 97 % avec la tomographie par cohérence optique (contre 85 % à la dermoscopie et 73 % à l’examen clinique). La société, qui compte une trentaine d’employés, vante également « l’avantage organisationnel » de deepLive. « En un rendez-vous, le médecin peut poser le diagnostic et passer directement au traitement », illustre Anaïs Barut.
Après avoir remporté le Concours mondial de l’innovation en 2015, la medtech est passée à la commercialisation en juillet 2020, obtenant un marquage CE. Présent dans une dizaine de pays, Damae Medical équipe 40 centres spécialisés « dont le CHU de Saint-Étienne, notre premier partenaire clinique », sourit Anaïs Barut. DeepLive se développe également au sein des cabinets libéraux « avec un modèle économique adapté, basé sur l’abonnement ».
La medtech espère une prise en charge par l’Assurance-maladie et, pourquoi pas, une révision de la nomenclature permettant d'intégrer cette technologie non invasive.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier