Pour protester contre le coup de rabot de 250 millions d’euros par an sur la biologie médicale prévu dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, les biologistes annoncent le lancement d’un mouvement pour le moins inédit. « Faute de dialogue avec le gouvernement », les laboratoires ont décidé de suspendre leur participation au Ségur du numérique « jusqu’à nouvel ordre », a annoncé la semaine dernière l’Alliance de la biologie médicale (ABM), qui regroupe quatre syndicats de praticiens (les Biologistes Médicaux, SDBIO, SNMB, SLBC) et les principaux groupes de laboratoires d'analyses (APBM).
En clair, les membres de l'ABM ont décidé de bloquer l’alimentation par les biologistes des dossiers médicaux dans « Mon Espace Santé » et de stopper la validation des logiciels référencés par l’Agence du Numérique en Santé pour la gestion des données de biologie médicale. Une manière de « ne pas rester les bras croisés », pour les biologistes qui sont pourtant les meilleurs élèves de cette nouvelle version du dossier médical personnel.
De bons élèves
En effet, depuis son lancement en janvier dernier, 35 % des documents partagés sur Mon espace santé sont des comptes rendus d’analyse biomédicale en ville - contre 2 % pour la radiologie libérale et 1 % pour la médecine de ville.
« Nous ne pouvons pas continuer à agir en élèves modèles quand notre profession est mise en danger », a martelé par voie de presse Alain Le Meur, porte-parole de l’Alliance de la Biologie Médicale. Jeudi dernier, l’ABM avait déjà prévenu la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) et de la Direction du numérique en santé (DNS) de la suspension de leur présence dans Mon Espace Santé.
« Projet de désorganisation »
Voilà plus de deux semaines que les biologistes libéraux sont furieux contre l’article 27 du budget de la Sécu, examiné en première lecture à l'Assemblée nationale jusqu'à mercredi. Cette mesure prévoit 250 millions d'euros d’économie par an, jusqu’en 2026, sur l'enveloppe des actes courant. Arguant d’une activité exceptionnelle des laboratoires pendant la pandémie, avec une rentabilité qui a bondi de 23 % en 2020, l'exécutif veut mettre ce secteur particulièrement à contribution sur plusieurs années.
Pour l'ABM, c'est un « projet de désorganisation de la biologie médicale » qui risque de faire fermer des sites ou réduire des investissements. Elle rappelle que la profession « représente moins de 2 % des dépenses de santé ne peut assumer seule 20 % du total des économies demandées pour boucher le déficit de la Sécurité sociale ».
Vendredi 14 octobre, l’ABM avait déjà crié sa colère et son incompréhension contre cette baisse pérenne des actes, évoquant alors la possibilité d’« une grève massive ». Alors que la grève numérique est lancée, Alain Le Meur affirme que les biologistes « sont prêts à imposer un rapport de force dans les jours qui viennent pour ramener les autorités à la raison ».
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols