Quatre mois après le lancement de Mon espace santé, tous les Français sont désormais censés avoir eu un mail ou un courrier de l'Assurance-maladie les informant de l’ouverture de leur dossier médical partagé, six semaines après réception, sauf s'ils s'y opposent. « On avance à marche forcée », a résumé Laura Létourneau, déléguée ministérielle du numérique en santé, en déplacement au CHU Henri-Mondor à Créteil, au sud de Paris, ce lundi.
Désormais, la délégation du numérique en santé (DNS), sous l'égide du ministère, fait le pari que tous les citoyens s’empareront de ce nouvel outil, même les plus éloignés du numérique. « 13 millions de Français souffrent de fracture numérique, constate Laura Létourneau. Il ne faut pas que les déserts numériques se superposent aux déserts médicaux ». Pour aider les usages et renforcer « l’inclusion numérique », le ministère de la Santé et l’Assurance-maladie ont ainsi prévu de déployer 4 000 conseillers numériques sur tout le territoire.
Actions locales
78 actions de vulgarisation ont déjà été lancées sur le terrain, en lien avec des associations locales, les agences régionales de santé ou encore les caisses primaires. Ce lundi 23 mai au matin par exemple, des bénévoles avaient été déployés dans le hall de l’hôpital Henri-Mondor pour échanger avec les patients sur les objectifs de Mon espace santé.
La Croix-Rouge française, France Assos Santé ou encore la MGEN : neuf partenariats nationaux sont également en cours pour communiquer sur cette nouvelle mouture du dossier médical partagé (DMP), via des ateliers collectifs par exemple. « C’est aussi l’occasion de sensibiliser les citoyens à la valeur de leurs données de santé », témoigne Héla Ghariani, directrice de projets à la délégation du numérique en santé.
64 % des généralistes accompagnés
Après les patients, les médecins ne sont pas non plus en reste et font partie des cibles de communication prioritaires. « L’Assurance-maladie visite les généralistes pour leur expliquer ce qu’est le Ségur du numérique en santé, afin qu’ils basculent dans des logiciels référencés et alimentent le volet médical de synthèse grâce à un financement supplémentaire », détaille Annika Dinis, directrice opérationnelle du numérique et de l’innovation en santé à la Cnam. Déjà, la Sécu assure avoir accompagné 64 % des omnipraticiens via des conseillers dédiés, pour les accompagner vers des logiciels labellisés Ségur.
Car, si l’ouverture quasi automatique de ce nouveau DMP en janvier a fait bondir le nombre de documents envoyés sur la plateforme chaque mois - passant de 676 000 en décembre dernier à 2,4 millions en mars - les libéraux restent à la traîne. « Cette belle dynamique en termes de volumétrie est notamment liée à la bascule automatique des établissements de santé », abonde Annika Dinis.
Dans les grandes lignes, le nombre de documents envoyés dans le DMP a été multiplié par deux chez les professionnels libéraux entre décembre et mars et par quatre pour les établissements hospitaliers. D'ici à la fin de l'année, 1 500 établissements de santé enverront automatiquement les documents de santé de leurs patients sur la plateforme.
Création automatique
Pour l’heure, la délégation du numérique en santé se garde de rendre public les grands indicateurs d’ouverture de Mon espace santé. « Une partie des Français commencent à activer leur compte, à le compléter, l’alimenter eux-mêmes avec leurs propres documents, indique Héda Ghariani. Et désormais, nous démarrons tout juste les créations automatiques de comptes, pour toutes les personnes qui ne s’y sont pas opposées. » Un premier bilan sera dressé d’ici à la fin de l’été.
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