Le groupe Krys, leader français du marché de l'optique, vient d'annoncer qu'il lançait un « protocole de télémédecine dédié à la vue », plus précisément un service de télé-ophtalmologie, l'objectif affiché étant de « désengorger les cabinets des ophtalmologistes » et de proposer une correction visuelle adaptée « en 15 jours ».
Depuis cette semaine, le lunetier propose une solution en partenariat avec la plateforme Médecin Direct, un des leaders de la consultation médicale en ligne.
Proposée par l'opticien, ce service de téléconsultation s'adresse aux porteurs de correction déjà équipés mais n'ayant plus de prescription en cours de validité ou dont la vue a évolué. Krys met en avant une validation « par plusieurs séries de tests » et un service déjà lancé en mars dans les magasins pilotes de Taverny et Franconville, en coordonnant les trois métiers de la santé visuelle (ophtalmologistes, orthoptistes, opticiens). En termes de couverture, l'objectif est d'atteindre au moins 100 opticiens Krys engagés dans le protocole d'ici à la fin de l'année, précise le groupe au « Quotidien ».
Le principe est le suivant : l'opticien, qui peut déterminer la correction du patient, oriente le client éligible vers le service de télé-ophtalmologie partenaire. Le protocole fait ensuite intervenir un ophtalmologiste par téléconsultation et un orthoptiste pour réaliser les examens physiques de fond d'œil et de tension oculaire. Le médecin contrôle et établit la prescription nécessaire à la délivrance de l'équipement. « Ce protocole prend quinze jours contre six mois actuellement en raison des délais d'obtention de rendez-vous », avance le groupe Krys, précisant qu'il prendra en charge à 100 % « le coût du service pendant sa phase de lancement » (non précisée).
Objectif commercial
Spectaculaire, cette offensive privée placée sous l'étendard de la télémédecine laisse sceptiques les représentants de la spécialité. Joint par « le Quotidien », le président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), « pas au courant de cette initiative », craint que le protocole sorte du cadre réglementaire de la télémédecine. « Dans les faits, cela peut prendre la forme d'une télé-expertise, or la télé expertise doit se faire entre deux médecins, rappelle le Dr Thierry Bour, président du SNOF. Par ailleurs, le circuit, avec trois personnes, semble ajouter de la complexité. »
Autre difficulté, souligne le patron du syndicat des ophtalmos : le médecin de la plateforme ne connaît pas forcément le patient et ses antécédents, ce qui peut être délicat dans certaines pathologies. « L'opticien sera le seul à avoir vu le patient avec, derrière, un objectif commercial, celui de vendre des lunettes.... Ce qui peut poser des problèmes d'ordre déontologique », juge le président du SNOF.
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