LE QUOTIDIEN – Pourquoi publier un Atlas des Coopérations hospitalières ?
Dr JEAN LEONETTI – C’est une opération de pédagogie et de réalisme. La loi HPST [Hôpital, patients, santé et territoires] s’est mise en place et les coopérations, qui avaient commencé à se constituer avant elle, le font plus encore depuis. L’opportunité législative a été saisie. À tel point que 25 millions de Français vivent aujourd’hui dans une zone où il y a une coopération. Cela signifie que discrètement, sans éclats, les choses se sont faites.
À la FHF, quand nous avons vu les initiatives se multiplier – et surtout les interrogations arriver (« Comment on fait, quels outils utilise-t-on… ? ») –, nous nous sommes dit qu’il fallait montrer l’expérience existante et faire un guide pratique.
Peut-on affirmer qu’aujourd’hui, hors la coopération avec d’autres établissements, il n’y a pas de salut pour les hôpitaux ou bien c’est exagéré ?
Ce n’est pas exagéré du tout. Un hôpital isolé n’est pas viable. Il doit trouver une coopération et s’inscrire dans une politique de territoire avec une idée centrale : le patient. Le plus souvent, le choix est fait d’une CHT [communauté hospitalière de territoire], c’est-à-dire d’un rapprochement hôpital-hôpital – nous en avons répertorié 70 –, mais cela peut aussi prendre la forme d’un GCS [groupement de coopération sanitaire, qui peut réunir les secteurs public et privé] puisque ce second dispositif permet d’initialiser un certain nombre de choses qui apparaissaient comme « contre nature » il y a quelques années…
Les coopérations sont-elles une solution aussi pour les hôpitaux géographiquement très isolés ?
Elles sont une solution pour tout le monde ! On ne peut plus raisonner de manière isolée, ni en termes de finances, ni en termes de santé publique. Parce que la télémédecine, les transports modernes… font que nous ne sommes plus à l’époque où le département, c’était l’aller-retour à cheval dans la journée. Avec les coopérations, on adopte une vision très pragmatique de la prise en charge des malades. Elles sont à la fois un bâton (ne pas s’y mettre, c’est ne pas survivre) et une carotte (elles garantissent un mode de fonctionnement plus apaisé, moins tendu, en même temps qu’elles permettent de répondre à une attente de la population).
Est-ce que les hôpitaux ne se précipitent pas bille en tête dans ces coopérations quelle qu’en soit la forme, n’est-on pas en train de griller une étape dans le processus ?
Je ne crois pas. Ce qui est certain, c’est qu’il faut bien regarder l’outil, chaque forme de coopération ayant ses avantages et ses inconvénients. Il ne faut pas non plus se marier à tout prix avec tel ou tel, l’idée n’est pas de créer des communautés de destin défensives ! Mais nous avons tellement vécu l’immobilisme que si la FHF peut jouer un rôle d’aiguillon dans ce mouvement, nous ne nous plaindrons pas que cela aille vite.
Peut-il y avoir un modèle unique de CHT ou de GCS ou bien l’opération nécessite-t-elle de la souplesse ?
Les premiers retours d’expérience nous montrent que les ARS doivent être souples et pragmatiques. Chaque cas est particulier. Les systèmes doivent correspondre au territoire dans lequel ils s’inscrivent, à l’histoire et à la culture des établissements impliqués. Il ne peut pas y avoir de dogme.
Quelle est la place des médecins dans cette évolution ?
Depuis longtemps, ils ont compris que leur splendide isolement présentait d’énormes inconvénients. Alors peut-être voient-ils arriver les coopérations avec une petite réticence – elles obligent, après tout, à travailler avec celui qu’on a longtemps ignoré, éventuellement combattu… – mais ils se rendent compte aussi qu’elles permettent une médecine plus moderne, plus efficace. Je crois qu’ils ont épuisé l’idée du « je fais tout chez moi ».
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