La durée maximale de prescription des antalgiques contenant du tramadol (voie orale) est réduite de 12 mois à 3 mois, a annoncé ce 16 janvier l'ANSM. La décision sera applicable à partir du 15 avril 2020. Au-delà de 3 mois, la poursuite d'un traitement par l'antalgique nécessitera une nouvelle ordonnance.
Même si la crise des opiacés en France est sans commune mesure avec le phénomène aux États-Unis, cette mesure découle directement des alertes sur un mésusage croissant du tramadol sur le territoire, notamment d'un rapport de l'agence début 2019 dressant l'état des lieux sur la consommation des opioïdes. Le ministère de la Santé avait d'ailleurs publié une feuille de route 2019-2022 « Prévenir et agir face aux surdoses d'opioïdes ».
Un opioïde pointé du doigt
Premier antalgique opioïde cité quant aux usages problématiques à la fois chez les usagers de drogue mais également la population générale, premier antalgique impliqué dans les décès liés à la prise d'antalgiques, devant la morphine, 2e antalgique le plus régulièrement retrouvé sur les ordonnances falsifiées en pharmacie, derrière la codéine, le tramadol fait l'objet d'un mésusage croissant ces dernières années, ont révélé plusieurs enquêtes du réseau d'addictovigilance.
Il est précisé de plus que les usages problématiques observés entraînent une dépendance avec des signes de sevrage survenant même lors de prises à doses recommandées et sur une courte période, ce qui entraîne une prise persistante par des patients qui n'ont plus de douleurs.
En pratique pour la prescription
L'ANSM demande ainsi aux professionnels de santé de rester vigilants. L'agence du médicament rappelle ainsi que :
– le tramadol est indiqué dans le traitement des douleurs modérées à intenses, mais qu'il ne doit pas être prescrit dans le traitement de la migraine ;
– il doit être prescrit pendant la durée la plus courte possible ;
– la posologie doit être diminuée progressivement avant l'arrêt du traitement afin d'éviter un syndrome de sevrage ;
– le tramadol expose à un risque de convulsions ;
– il doit être délivré dans les plus petits conditionnements possible, adaptés à la prescription.
Pour déclarer tout effet indésirable, abus, dépendance, usage détourné, l'ANSM rappelle le portail signalement-sante.gouv.fr, ouvert à la fois aux particuliers et aux professionnels de santé.
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