Antalgiques, antispasmodiques, vitamines ou dispositifs médicaux… Si les produits sans ordonnance n’existaient pas, l’Europe serait forcée de recourir à 120 000 médecins supplémentaires, selon des données publiées par l’Association européenne des spécialités pharmaceutiques grand public, la semaine dernière.
Le lobby des industriels de l'automédication - dont fait partie Nérès (ex Afipa), sa branche française - entend représenter tous les produits « de premier recours ». « Nos produits sans ordonnance permettent au médecin généraliste d’économiser 2,4 heures de temps médical par jour », plaide Luc Besançon, délégué général de Nérès, citant la même étude.
Dans les faits, la bascule vers le « sans ordonnance » s’opère déjà progressivement en officine. Selon les chiffres de 11 500 officines collectés par l'entreprise d'analyse de données de vente en pharmacie, OpenHealth, pour le compte de Nérès en 2021, les médicaments à prescription médicale facultative sont de plus en plus achetés sans ordonnance. En 2021, 60 % de ces médicaments étaient encore prescrits mais en baisse de 6 points par rapport à 2020. « Notre hypothèse est que, dans un contexte pandémique, les Français ont davantage développé le reflexe de l’automédication : ils privilégient la pharmacie plutôt que le généraliste », avance Luc Besançon. Vincent Cotard, président de Nérès, évoque,également « un changement d’attitude des Français vis-à-vis de leur officine, qui se positionne comme la première étape du parcours de santé ».
Bonne dynamique du dispositif médical
Au total, 305 millions de dispensations sans prescription ont été réalisées en officine l'année dernière. Après une cuvée 2020 morose, les pharmacies reprennent des couleurs : le marché du premier recours marque désormais une progression de 7,1 %. Le dispositif médical gagne progressivement du terrain, au détriment de l’automédication. Il enregistre en effet une croissance (en valeur) de 15,3 % en 2021, les compléments alimentaires de 10,4 % et l’automédication de 2,2 % par rapport à l’année précédente. Système digestif, douleur et système respiratoire : « le marché a bénéficié du retour des pathologies hivernales à la fin de l’année 2021 », détaille Nicolas Grelaud. Ces trois domaines concentrent à eux seuls 54 % du marché de l’automédication en officine.
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